À la veille du sommet climatique de l’ONU, Amis de la Terre International révèle comment les ‘Solutions basées sur la nature’ servent à dissimuler le saccage continuel du climat

27 octobre 2021. Amsterdam, Pays-Bas, et Glasgow, Royaume-Uni
Le concept de Solutions basées sur la nature – que les multinationales, les sociétés d’affaires et les gouvernements essaient de nous vendre à la veille de la CdP26 – est une supercherie dangereuse et un moyen de détourner l’attention des vraies solutions de la crise climatique, dit le nouveau rapport d’Amis de la Terre International. L’heure tourne, l’an 2030 approche, et pour que l’augmentation de la température planétaire reste en-deçà de 1,5 il faut prendre sans tarder des mesures réelles pour réduire à leur source les émissions de carbone et faire la transition vers l’énergie renouvelable.
Le concept de solutions basées sur la nature : un loup déguisé en agneau, publié par l’organisation écologiste mondiale de base populaire à l’approche du sommet climatique de l’ONU qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, révèle les conséquences désastreuses que l’avenir réserve à de vastes secteurs de la population du monde – en particulier, aux petits producteurs agricoles, aux peuples autochtones et aux communautés locales de pays bien moins riches que le Royaume-Uni– si les affirmations en faveur des Solutions basées sur la nature sont acceptées sans esprit critique. Le rapport suit à la trace les origines du concept, la manière dont il est manipulé par les grandes entreprises, et ce qui le pousse en avant pendant que les pays se dirigent vers le sommet de l’ONU.
Sous l’apparence de solutions basées sur la nature, les grandes entreprises et les gouvernements continuent d’élargir les opérations qui la détruisent, comme l’agriculture industrielle et l’extraction de combustibles fossiles, tout endéclarant qu’ils s’occupent de leurs effets sur le climat en investissant dans des activités telles que la plantation massive d’arbres.
- Le plan de Shell pour le climat inclut « un développement considérable des solutions basées sur la nature », y compris la plantation d’arbres sur une superficie proche de celle du Brésil, soit 35 fois plus large que celle du Royaume-Uni.
- Le plan pour le climat d’ENI, le géant italien des combustibles fossiles, inclut de se servir de projets de conservation forestière pour compenser l’émission de 30 millions de tonnes de carbone par an.
- Le plan de Nestlé pour le climat est basé sur une croissance projetée de 68% dans l’approvisionnement en produits laitiers, en viande et en produits agricoles de base entre 2020 et 2030, et prévoit de compenser les émissions correspondantes grâce aux Solutions basées sur la nature.(1)
Or, pour réduire les émissions de carbone à l’échelle mentionnée, il faudrait boiser près de 700 millions d’hectares, soit une superficie proche de celle de l’Australie. Cela impliquerait d’expulser de leurs terres les agriculteurs et les communautés, détruisant ainsi leurs moyens d’existence et éliminant la flore et la faune locales. Cependant, le total des terres requises par les centaines de stratégies de plantation d’arbres proposées par les entreprises ne rime à rien.
Pour compléter le tableau, selon Amis de la Terre International les Solutions basées sur la nature permettent aux multinationales et aux gouvernements de ne rien changer à leur comportement et de ne pas réduire les émissions de carbone à leur source.
Le concept créé par les grandes entreprises est une nouvelle forme de ‘verdissage’
La recherche menée par Amis de la Terre International conclut que le concept de Solutions basées sur la nature risque de récupérer et de pervertir les solutions authentiques proposées par les mouvements sociaux et paysans, qui appliquent des méthodes agricoles réellement proches de la nature, comme l’agroécologie et la gestion communautaire des forêts. Il est employé pour justifier l’expansion de l’agro-industrie, en regroupant sous le nom de Solutions basées sur la nature de nombreux projets planifiés ou en cours d’exécution, qui vont de la plantation d’arbres au forçage génétique. Pourtant, ces prétendues ‘solutions’ ne sont même pas naturelles.
Les auteurs trouvent que l’idée des Solutions basées sur la nature va probablement :
- faire obstacle aux actions pour combattre les émissions à leur source et pour s’attaquer aux facteurs déterminants de la perte de biodiversité ;
- impliquer davantage de plantations d’arbres en régime de monoculture, d’agriculture intensive et d’accaparement de terres ;
- éroder la souveraineté et les droits des peuples ;
- faciliter la génération de profits pour les multinationales ;
- donner lieu à davantage de projets de compensation ;
- ne pas réduire les émissions responsables du changement climatique ;
- ne pas enrayer le déclin de la biodiversité.
Sara Shaw, co-auteure du rapport, a dit :
« Le concept de Solutions basées sur la nature est une mauvaise idée habillée d’une terminologie acceptable et de belles images, un loup déguisé en agneau. Le concept a l’air bien mais il est si large et si vague qu’il peut concerner n’importe quoi, aussi bien des solutions réelles comme la restauration d’écosystèmes pratiquée par des autochtones, que des activités nuisibles comme les plantations d’arbres en régime de monoculture. Une bonne part de ce qu’on fait au nom des Solutions basées sur la nature n’est qu’une reformulation d’approches préalables déjà discréditées, comme REDD et REDD+.(2) Les entreprises doivent réduire les émissions de carbone à leur source, plutôt que d’entreprendre des activités de ‘verdissage’ et de provoquer des déplacements. »
(1) Le concept de solutions basées sur la nature : un loup déguisé en agneau, 2021, page 8.
(2) Réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD). Voir: REDD+ The Carbon Market and California-Acre-Chiapas Cooperation: Legalizing mechanisms of dispossession.
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Le rapport est disponible en anglais, espagnol et français : LIEN
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