Des entreprises transnationales européennes accusées de violer la loi en Amérique Latine
Madrid, Espagne, le 12 mai 2010 – A la veille du sommet Europe-Amérique Latine et Caraïbes du 18 mai, les Amis de la Terre International et d’autres associations exposeront des cas de graves violation de la loi commises par des entreprises européennes en Amérique Latine, et présenteront des alternatives aux crises alimentaire, climatique et financière.
Pendant le Sommet des Peuples ‘Mettre en lien les alternatives IV’, les Amis de la Terre International, avec des associations et des mouvements sociaux d’Amérique Latine et d’Europe exposeront les impacts des pratiques de l’EU et des entreprises transnationales sur les populations et l’environnement en Amérique latine. [1]
Le Sommet des Peuples se déroulera du 14 au 18 mai à Madrid, parallèlement au Sommet officiel des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Européenne, d’Amérique Latine et des Caraïbes.
Le Tribunal Permanent des Peuples (TPP) siègera pendant le Sommet des Peuples et jugera des violations de la loi commises par des entreprises européennes en Amérique Latine [2]
« Beaucoup d’importantes entreprises européennes qui opèrent en Amérique Latine sont lourdement impliquées dans la violation des droits de l’homme et la destruction de l’environnement. Nous nous présentons devant le Tribunal des Peuples avec des preuves spécifiques de violations des droits de l’homme et de l’environnement du fait d’entreprises transnationales européennes”, déclare Sebastian Valdomir, Coordinateur International du programme Justice Economique des Amis de la Terre International.
“Ces violations ne sont pas prises en considération par les dispositifs juridiques existants dans les pays d’Amérique Latine en raison du pouvoir excessif et de l’influence injustifiée dont jouissent ces entreprises dans nos pays », ajoute Sebastian Valdomir.
Les groupes des Amis de la Terre Amérique Latine et Caraïbes (ATALC) ont soumis au TPP des preuves d’abus et de violations commis par trois des principales sociétés transationales européennes:
Le producteur d’énergie espagnol Union Fenosa est accusé d’avoir augmenté les tarifs de l’électricité, coupé la fourniture d’énergie et persécuté les leaders des communautés qui se sont élévées contre l’entreprise au Guatémala. Cette plainte est déposée par CEIBA-Amis de la Terre Guatémala, avec d’autres associations d’Amérique Centrale, qui s’insurgent également contre les agissements abusifs de Union Fenosa dans d’autres pays de la région. Au Guatémala, huit leaders de mouvements sociaux qui réclamaient l’expulsion de l’entreprise transnationale ont été assssinés depuis octobre 2009, dont quatre en mars 2010.
L’exploitant forestier suédo-finlandais Stora Enso est accusé par NAT/ Amis de la Terre Brésil et REDES / Amis de la Terre Uruguay, ainsi que d’autres associations et mouvements sud-américains de violer les droits des travailleurs au Brésil, de pratiquer la déforestation, de limiter la quantité d’eau disponible pour les communautés voisines de ses plantations, de violer le droit foncier et de faire pression – y compris par le financement de campagnes politiques – pour que les lois environnementales soient assouplies.
Le cimentier suisse Holcim est mis en accusation par CENSAT Agua Viva / Amis de la Terre Colombie, CEIBA – Amis de la Terre Guatémala, et Otros Mundos – Amis de la Terre Mexique, pour des actions commises dans ces pays, qui génèrent un impact négatif sur la santé des communautés voisines de ses cimenteries, la pollution de l’environnement par des déchets industriels et de graves impacts sur les ressources en eau, l’agriculture vivrière, et le droit à la terre des communautés indigènes et paysannes.
Le Sommet officiel des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Européenne, d’Amérique Latine et des Caraïbes vise à avancer dans la conclusion d’ « Accords d’association » stratégiques entre les deux régions. Ces « Accords d’association » et de libre échange sont sans doute favorables à l’UE mais leurs effets sur les populations d’Amérique Latine et leur environnement seront désastreux.
« L’UE affirme favoriser le développement durable et la cohésion sociale, mais en réalité les politiques et les mécanismes de libre échange dont elle se fait l’avocat, mettent en avant de fausses solutions qui ont de terribles conséquences pour les populations et l’environnement en Amérique Latine. Par exemple, la demande européenne en agrocarburants fait des ravages dans les pays où des plantations à grande échelle provoquent d’énormes problèmes tant au plan social qu’écologique, et mettent en péril la souveraineté alimentaire,” déclare Christine Pohl, des Amis de la Terre Europe.
“En particulier, les accords de libre échange et la libéralisation des investissements qui sont actuellement négociés dans le cadre de la stratégie de l’UE intitulée ‘Global Europe’ ne bénéficieront qu’au capital financier et aux entreprises transnationales, » ajoute Christine Pohl.
Les groupes des Amis de la Terre organiseront également des évènements publics à Madrid, afin de proposer d’autres relations entre UE et Amérique Latine que celles qui se basent exclusivement sur les négociations autour du libre échange et la recherche de nouvelles opportunités de profit pour les sociétés transnationales.
Le jeudi 13 mai, les groupes des Amis de la Terre organisent un évènement public autour des impacts du modèle énergétique européen, et tout particulièrement un débat sur les agrocarburants.
Pour plus d’information, contactez à Madrid
Christine Pohl, Amis de la Terre Europe, Tél: +32-498-492563 (numéro belge)
Sebastián Valdomir, REDES / Amis de la Terre Uruguay, Tél: +34-6-47592408 (numéro espagnol – valable du 12 au 19 mai)
Blanca González Ruibal, Amis de la Terre Espagne, Tel: +34-6-91471389 (numéro espagnol)
Teresa Rodríguez Pierrard, Amis de la Terre Espagne, Tel: + 34-6-80936327 (numéro espagnol)
NOTES
[1] Pour plus d’ information sur le sommet alternatif « Mettre en lien les alternatives », consultez le site: www.enlazandoalternativas.org. Une couverture quotidienne du tribunal et du Sommet des Peuples sera assurée sur le site de Radio Monde Réel: http://www.realworldradio.fm
[2] Les plaintes déposées par les Amis de la Terre seront soumises à un panel international de juges lors de cette session du Tribunal Permanent des Peuples (TPP). Le TPP a été fondé en 1973 comme un tribunal qui se consacre aux lacunes intitutionnelles dans le système juridique international. Le TPP puliera une résolution finale – basée sur les accusations, preuves, documents et témoignages apportés par les victimes lors de l’audience.