WASHINGTON, USA, 27 avril 2010 – Les Amis de la Terre International dénoncent aujourd’hui les principes volontaires sur l’acquisition de terres adoptés par la Banque mondiale et soutenus par l’ONU, qui vont légitimer et promouvoir l’appropriation de terres en Asie, Afrique et Amérique Latine. [1]

Ce communiqué fait suite à  la pulication par la Banque Mondiale, lors de son Assemblée à Washington les 26 et 27 avril, de ses principes volontaires pour protéger les droits, les moyens de subsistance et les ressources lors d’acquisitions de terres sur une grande échelle par des investisseurs étranger sur ces continents.

Ces principes ont reçu le soutien de la Food and Agriculture Organization (FAO) des Nations Unies, de la Conférence de l’ONU sur le Commerce et le Développemment (CNUCED), et de l’International Fund for Agricultural Development.

Les moyens d’existence de millions de personnes sont détruits lors de l’appropriation de terres, tout particulièrement ceux des petits paysans, des population indigènes et des pêcheurs. L’appropriation de terre se produit lorsque les états ou le secteur privé achètent des millions d’hectares de terre en Asie, Afrique et Amérique Latine afin d’y produire nourriture et carburants principalement destinés à l’exportation.

La Banque Mondiale déclare que ces acquisitions vont favoriser l’investissement agricole. En réalité, elles ne feront que rendre encore plus indélogeable l’agriculture industrielle destinée à faire du profit et détruire les moyens de subsistance de proximité. Il est aussi démontré que l’appropriation de terres ne fera que marginaliser davantage les petits producteurs alimentaires et les communautés locales, lesquels contituent déjà la majeure partie du milliard de personnes qui souffrent de la faim et de pauvreté. [2]

Bien que depuis des années, les investissements dans l’agriculture paysanne soient en baisse, et que l’on favorise des politiques agricoles qui donnent la priorité à une agriculture industrielle, la plupart des gens dans le monde tirent leur nourriture de l’agriculture à petite échelle. L’appropriation de terres menace cette agriculture de proximité et met donc en danger notre faculté de nourrir le monde, ajourd’hui et dans le futur. [3]

Le Président des Amis de la Terre International, Nnimmo Bassey, du Nigéria, déclare:

« L’ONU a démontré que le meilleur moyen de nourrir notre population réside dans une agriculture écologique, qui existe et se base sur le travail des petits paysans. Pourtant, la Banque Mondiale et les agences de l’ONU soutiennent des principes qui légitiment une nouvelle forme de colonialisme, avec de graves dangers pour des millions de vies au plan local et pour l’environnement. Si l’ONU est réellement désireuse de mettre un terme à la faim dans le monde, alors elle doit suivre son propre conseil, stopper l’avancée de l’agrobusiness en Afrique et mettre en oeuvre sans plus attendre la souveraineté alimentaire. »

L’agriculture intensive est l’une des causes principales de la dégradation de l’environnement, responsable d’environ la moitié de toutes les émissions de gaz à effet de serre du monde, de la destruction des habitats naturels par  le défrichage et d’une utilisation énorme de carburants fossiles et de ressources naturelles.

L’accent mis par l’agriculture industrielle sur la production de biens tels que les fourrages animaux et les agrocarburants destinés à l’exportation vers les pays riches, plutôt qu’à la production de nourriture destinées aux populations locales, a pour conséquence une aggravation des inégalités et de la malnutrition. [4]

La directrice des Amis de la Terre Uruguay, Karin Nansen, déclare:

« La production industrielle de soja, de viande et d’agrocarburants en Amérique du Sud signifie que l’appropriation de terre a d’ores et déjà lieu. Les communautés locales sont violemment évincées de leurs terres, alors que l’agrobusiness enregistre des profits records en prenant le contrôle des ressources locales. Accroître l’appropration des terres agricoles va intensifier cette violence qui s’exerce à l’encontre de la souveraineté des populations et nous condamne aussi à voir s’accroître la déforestation et les émissions néfastes pour le climat. »

Les Amis de la Terre International réclament la fin de toute forme d’appropriation des terres, ce à quoi les gouvernement et les institutons internationales peuvent parvenir en:

– instaurant un accès équitable à la terre et aux ressources naturelles – laisser la terre entre les mains des communautés locales et mettre en oeuvre une véritable réforme agraire;

– soutenant une paysannerie agro-écologique, culture, pêche et élevage à petite échelle, avec des programmes de recherche et de formation participatifs permettant aux petits paysans de produire en suffisance des aliments sains et sûrs pour tout un chacun;

– réformant les politiques agricoles et commerciales pour viser la souveraineté alimentaire et le soutien aux marchés locaux et régionaus;

– favorisant des systèmes agricoles et alimentaires tournés vers les communautés, articulés autour du contrôle par les populations locales de la terre, de l’eau et de la biodiversité;

– renforçant des régulations strictes et contraignantes qui réduisent l’accès des entreprises et d’autres acteurs puissants (du secteur public comme privé) aux terres agricoles et côtières, aux zones de paturages, aux forêts et aux zones humides;

– mettant un terme à l’expansion d’une agriculture contrôlée par les entreprises, et en assurant la souveraineté alimentaire – le droits des populations à contrôler leurs propres semences, terres, eau et production alimentaire au travers de systèmes équitables et écologiques; qui garantissent une alimentation suffisante, variée, nutritive, produite localement et culturellement adaptée, pour tous.

 

Pour plus d’information, contactez

En anglais

Kirtana Chandrasekaran, Co-coordinatrice du programme Souveraineté Alimentaire des AdTI

Tél: +44 (0) 20 7566 1669 et +44 (0) 79619 86956 (Royaume-Uni)

En espagnol

Martin Drago, Co-coordinateur du programme Souveraineté Alimentaire des AdTI

Tél: (+ 5982) 9022355 – 9082730 et: (+ 598 99) 138559  (Uruguay)

 

NOTES

[1] Ces principes ont été rendus publics à la conférence de la Banque Mondiale.

Pour plus de détails: http://www.worldbank.org/en/topic/agriculture

Pour lire une copie des principes:

http://siteresources.worldbank.org/INTARD/214574-1111138388661/22453321/Principles_Extended.pdf

[2] Voir “Seized: The 2008 land grab for food and financial security » GRAIN Oct 2008 http://www.grain.org/briefings/?id=212 and

“The Great Land Grab” Oakland Institute, 2009 www.oaklandinstitute.org/pdfs/LandGrab_final_web.pdf

[3] L’agriculture paysanne nourrit au moins 70% de la population mondiale. Voir “Who feeds us?” ETC group Dec 2009 http://www.etcgroup.org/upload/publication/pdf_file/ETC_Who_Will_Feed_Us.pdf

[4] Selon la FAO, un milliard de personnes, principalement dans les pays les plus pauvres, souffrent de la faim alors que le même nombre de personnes souffrent d’obésité dans le monde industrialisé.