Jatropha money doesnt grow on trees

BRUXELLES (BELGIQUE)/ABUJA (NIGERIA) 21 janvier 2011 – Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par les Amis de la Terre International, la culture du jatropha pour fabriquer du biocarburant, dont on ne cesse de vanter les mérites, s’avère être un investissement ni rentable, ni durable.

Intitulé « Le Jatropha : l’argent ne pousse pas sur les arbres », ce rapport dissuade les investisseurs d’utiliser le jatropha – un arbuste dont la culture ne cesse de croître en raison de ses fruits oléifères et de sa capacité à survivre dans des conditions arides – grâce à des preuves évidentes montrant que cette culture n’est pas à la hauteur de ses promesses, n’empêche nullement le changement climatique et ne contribue en rien à l’avancée des pays en développement. [1].

Paul de Clerck, des Amis de la Terre International, explique : « Les sociétés d’investissement européennes affirment que le jatropha assure des rendements élevés sur des terres peu productives, mais leurs promesses sont loin d’être réalistes. De nombreux projets ont d’ores et déjà été abandonnés parce que la production est restée en deçà des estimations, même sur des terres fertiles. Des plantations de jatropha à grande échelle représentent un investissement qui est ni rentable, ni durable ; les entreprises doivent cesser l’acquisition massive des terres en vue de cultiver du jatropha. »

Le jatropha est promu par les sociétés d’investissement comme une panacée lucrative fournissant une source de biocarburant qui peut être cultivée sur des terres peu productives, que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. Néanmoins, les recherches des Amis de la Terre International révèlent que l’investissement dans des plantations de jatropha à grande échelle est voué à l’échec en raison des mauvais résultats des récoltes, sans oublier des preuves accablantes démontrant des rendements faibles sur les terres peu productives, et même sur les terres fertiles. Le rapport montre l’échec de sociétés qui produisent du jatropha, comme D1 Oils et Flora EcoPower, soulignant le caractère plus qu’incertain de la viabilité économique de cette plante. [2]

De façon controversée, les investissements alimentent l’acquisition massive des terres en Afrique, causant le déplacement des agriculteurs et des communautés tout en générant une concurrence pour la production alimentaire et l’approvisionnement en eau.

Mariann Bassey, d’Environmental Rights Action / Les Amis de la Terre Nigéria explique : « En Afrique, on retire les terres agricoles aux communautés et on détruit les moyens de subsistance des personnes sous le prétexte d’une énième fausse solution au changement climatique. Les prix alimentaires sont de nouveau en hausse et néanmoins les terres sont arrachées pour cultiver du carburant pour les voitures. Nous voulons une agriculture qui nous permette de cultiver de la nourriture pour les personnes. »

POUR PLUS D’INFORMATIONS

Paul de Clerck, Les Amis de la Terre International

Mariann Bassey, Environmental Rights Action/Les Amis de la Terre Nigéria

En espagnol : Sebastian Valdomir, Les Amis de la Terre International

NOTES

[1] 
Rapport complet en anglais

[2]
 Les sociétés cotées en bourse qui ont investi dans le jatropha, comme D1 Oils (Grande-Bretagne) et Flora EcoPower (Allemagne) ont enregistré des cours désastreux. BP s’est retiré de son partenariat commercial avec D1 Oils en raison de résultats décevants. D’autres exemples existent, comme la société privée suédoise BioMassive, qui a loué des terres en Tanzanie pour la plantation du jatropha, mais a accusé des pertes jusqu’en 2009 avant de tomber aux oubliettes. La société néerlandaise BioShape, qui a également acquis des terres en Tanzanie, a été officiellement déclarée en faillite en 2010.