BRUXELLES (BELGIQUE), 8 Juin 2010 – Un nouveau label proposé pour le soja ‘responsable’ ne mettra pas fin à la déforestation, déclarent 235 groupes de la société civile à travers le monde dans une lettre puliée aujourd’hui, en amont d’une conférence qui doit finaliser le mécanisme de labellisation à Sao Paulo, Brésil. [1]

Les 235 groupes, parmi lesquels les Amis de la Terre International et Corporate Europe Observatory, ont exprimé par écrit leur opposition au mécanisme de certification de la Table Ronde pour le Soja Responsable (Round Table for Responsible Soy ou RTRS), qui selon eux pourrait faciliter l’utilisation d’huile de soja pour rencontrer les objectifs de l’UE en matière de biocarburants. Ceci en dépit de la preuve que le biodiésel de soja est plus néfaste pour le climat que  les carburants fossiles. [2]

Ce mécanisme verra aussi certifier comme ‘responsable’ du soja génétiquement modifié (OGM), en dépit des preuves toujours croissantes des risques pour la santé et l’environnement. Le soja OGM résistant à l’herbicide glyphosate fait augmenter l’utilisation d’autres produits chimiques dangereux à mesure que les mauvaises herbes développent une résistance au  glyphosate. [3]

Ces produits chimiques ont eu des effets néfastes sur des communautés locales en Amérique du Sud. L’expansion du soja conduit aussi à l’expulsion violente de petits paysans [4].

Le label de la RTRS a également été rejeté par d’importants acteurs de l’industrie brésilienne du soja, tels que ABIOVE et APROSOJA, qui eux, sont peu desireux d’apposer leur signature sur des règlementations qui seraient un frein – même de portée limitée – à la déforestation. [5]

Kirtana Chandrasekaran des Amis de la Terre International déclare: “Ce mécanisme relève de la farce – il donnera l’appellation « responsable » à du soja génétiquement modifié cultivé sur des terres défrichées. Les compagnies qui en feront usage vont à l’encontre de la société civile et des consommateurs, qui réclament en Europe et en Amérique du Sud une production alimentaire sans OGM et de véritables solutions aux problèmes de la déforestation et du changement climatique.”

De vastes superficies de forêts tropicales et de prairies sont détruites chaque année en Amérique du Sud pour produire à grande échelle du soja destiné à fournir l’Europe en aliments pour le bétail et en biocarburants [6].

En Europe, l’agriculture industrielle repose sur l’importation de soja à bon marché pour nourrir le bétail, ce qui est source de pollution, de problèmes de santé et de la disparitionn des moyens de subsistance des populations rurales. Le soja est également importé pour être utilisé comme biocarburant.

Kirtana Chandrasekaran ajoute:

“Plutôt que de décerner la mention « responsable » à un produit qui ne l’est pas, nous devons sortir de  l’agriculture industrielle en Europe. Ce serait tout bénéfice pour les agriculteurs, pour les consommateurs et pour l’environnement et réduirait l’empreinte écologique globale de l’Europe. C’est d’une action en ce sens que nous avons besoin, pas d’une escroquerie écologique.”

Nina Holland de l’association bruxelloise Corporate Europe Observatory déclare: “En Amérique du Sud, des communautés sont en lutte contre l’expansion du soja qui requiert de plus en plus de terre et de ressources. Seules des entreprises comme Monsanto and Cargill tirent profit de la production industrielle de soja, et elles sont également les principales forces motrices derrière ce label qui tient du greenwashing.”

Les Amis de la Terre Europe et International, avec Corporate Europe Observatory et 235 autres associations réclament:

la fin progressive des plantations industrielles de soja, et la promotion de systèmes agro-écologiques de cultures indigènes, à la place,