Le 26 novembre 2010 – A la veille du sommet des Nations Unies sur le climat qui débutera ce lundi 29 novembre à Cancun, Les Amis de la Terre International appelle les gouvernements à rejeter le rôle des marchés du carbone dans les accords internationaux sur le climat.

L’échange de droits d’émission de carbone ne génère pas de réelles réductions d’émissions de CO2. Il détourne au contraire l’attention de toute action effective visant à affronter les causes structurelles du changement climatique. Les pays développés doivent réduire de façon radicale leurs émissions de carbone par le biais de véritables changements domestiques, non pas en achetant des compensation d’émissions de carbone d’autres pays.

La compensation des émissions de carbone n’est bénéfique ni pour le climat, ni pour les pays en voie de développement ; seuls les investisseurs privés et les plus grands pollueurs en bénéficient en ce qu’elle permet aux pays riches d’échapper à leurs engagements en matière de réduction d’émissions.

Le président de Les Amis de la Terre International, Nnimmo Bassey, explique :

« Nous disposons de si peu de temps pour procéder aux changements de société radicaux afin d’affronter le changement climatique et protéger notre planète. Les gouvernements doivent immédiatement écarter et jeter aux oubliettes l’échange de droits d’émission de carbone afin d’assurer notre avenir. Nous appelons les pays riches industrialisés à nous mettre rapidement sur les rails d’une transition juste vers une décarbonisation. Le sommet de Cancun sera un échec s’ils ne s’engagent pas à des coupes strictes à l’intérieur, sans compensation des émissions de carbone, et par le biais d’un financement public qui exclut la Banque Mondiale. »

Les propositions en lien avec la Réduction des émissions dues au déboisement dans les pays en développement (REDD) avancent à grands pas, mais il existe un risque majeur qu’elles soient associées aux marchés du carbone. En conséquence, les pays développés paieraient les projets de compensation forestière qui se contentent en substance de privatiser les forêts des pays en voie de développement en vue d’acheter le droit de polluer. Les projets de compensation des émissions de carbone forestier risquent d’arracher la propriété des forêts des mains des communautés locales et d’empêcher une véritable action de la part des pays riches industrialisés en vue de procéder chez eux aux réductions d’émissions nécessaires.

Le financement climatique – les contributions financières des pays développés envers les pays en voie de développement qui souffrent du changement climatique – court également le risque d’être associé aux marchés du carbone. Les Amis de la Terre International incite les gouvernements à Cancun à établir un fonds mondial pour le climat, sous l’autorité de la CCNUCC, dans lequel la Banque Mondiale ne joue aucun rôle.

Note aux éditeurs

1. La 16ème Conférence des Parties (COP 16) de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) se réunira à Cancun, au Mexique, entre le 29 novembre et le 10 décembre 2010.

2. Lors des négociations, Les Amis de la Terre International appelle les pays riches à réduire leurs émissions d’au moins 40% d’ici à 2020, sans avoir recours à la compensation des émissions de carbone, et à s’engager à cela par une seconde période d’engagement au Protocole de Kyoto – le mécanisme décidé au niveau international en vue des cibles contraignantes de réduction d’émissions.

Les Amis de la Terre International demande également à ce que l’argent public soit rendu disponible pour les pays en voie de développement afin qu’ils connaissent une croissance durable et s’adaptent aux effets du changement climatique qui nuit d’ores et déjà aux moyens de subsistance des personnes et de leurs familles.

La fédération internationale de campagne demande à ce que cet argent provienne non pas des marchés du carbone, mais de sources publiques.

Les Amis de la Terre International est convaincu, en raison du caractère notoirement imprévisible du prix du carbone, que cette approche ne permettrait en rien de fournir aux pays en voie de développement les sources en financement dont ils ont besoin. De même, l’échange de droits d’émission du carbone, dans les faits, ne fait rien pour réduire les émissions.

En outre, Les Amis de la Terre International est convaincu que la Banque Mondiale ne doit jouer aucun rôle dans le financement, la gestion et la distribution de cet argent, son rôle dans le combat contre le changement climatique ayant déjà été discrédité en ce qu’elle est l’un des plus grands prêteurs au monde pour les projets liés aux combustibles fossiles.

Enfin, la fédération internationale, œuvrant au niveau local, appelle également les gouvernements à ne pas avoir recours au financement pour les plantations d’arbres en monoculture et à mettre un terme aux propositions actuelles d’échange de droits d’émission de carbone forestier. Une approche de la déforestation doit protéger et faire respecter les droits des communautés.

Les Amis de la Terre International participera à la conférence des Nations Unies de Cancun sur le changement climatique (COP 16) avec une délégation d’observateurs de groupes membres en provenance du monde entier.

Pour plus d’informations, veuillez contacter

Nnimmo Bassey, directeur de Les Amis de la Terre International et directeur de la délégation de Cancun pour Les Amis de la Terre International. Tél : +234 80 37 27 43 95 (téléphone mobile nigérian) ou par email nnimmo@eraction.org.

Marlijn Dingshoff, coordinateur des médias à Cancun pour Les Amis de la Terre. Tél : +31-6-51 00 56 30 (téléphone mobile néerlandais) ou + 521 998 108 02 78 29 (téléphone mobile mexicain) ou par email media@foei.org

Les Amis de la Terre International constitue le premier réseau écologiste mondial œuvrant au niveau local, avec une présence dans plus de 76 pays regroupant plus de 2 millions d’individus et de partisans.