BONN, ALLEMAGNE, 4 juin 2010 – Au terme de la première semaine des négociations de l’ONU sur le climat, les Amis de la Terre International ont fait savoir aux pays développés qu’il leur faut modifier de façon radicale leurs plans de financement concernant la lutte pour la préservation du climat, afin d’éviter de répéter l’échec de Copenhague.

Les pays riches qui espéraient acheter vite-fait le silence des pays pauvres avec les 30 milliards de dollars de fonds climat inscrits dans l’Accord de Copehague, ne parviendront même pas à allouer cette somme largement insuffisante.

Il s’est avéré qu’une large part de cet argent sera prise sur les budgets de l’aide au développement, c’est à dire de l’argent qui devrait aller à des programmes essentiels pour le monde en développement, notamment en matière de santé et d’éducation.

Tuvalu, une petite nation insulaire gravement menacée par le changement climatique, a déclaré cette semaine que le Fonds Vert prévu par l’Accord de Copenhague « est utilisé à des fins de pression politique » pour faire soutenir les faibles mesures prévues par l’Accord. Avec d’autres pays en développement, Tuvalu s’est déclaré outré des tentatives faites par les pays riches de faire passer des engagements existants en matière d’aide au développement comme de nouvelles sommes consacrées à la protection du climat, en contradiction avec les critères admis par la CCNUCC.

Nnimmo Bassey, Président des Amis de la Terre International a déclaré:

“Il semble que les pays développés prennent enfin le recyclage au sérieux; ils se sont mis à recycler l’argent de l’aide au développement et l’appellent de l’argent « frais ». Mais le monde ne se laissera pas berner; blanchir l’argent de l’aide au développement dans la lutte contre le changement climatique n’est pas faire preuve de leadership, mais de mépris. Etant celles qui ont fait le plus pour causer un bouleversement climatique, les nations développées ont l’obligation morale et légale de prendre en charge les coûts additionnels nécessaires pour des mesures d’adaptation, des technologies propres et des énergies renouvelables dans les pays en développement .”

Le contrôle des fonds consacrés au climat est ainsi revenu au coeur des négotiations. Les Amis de la Terre International demandent la mise sur pied d’un nouveau fonds mondial pour le climat, sous l’entière autorité de la CCNUCC, basé sur les principes d’équité et de respect de l’environnement, afin de soutenir les objectifs des communautés partout dans le monde. A l’opposé, les pays riches tentent de faire placer les fonds consacrés au climat sous le contrôle de la Banque Mondiale.

Asad Rehman, des Amis de la Terre Angleterre, Galles et Irlande du Nord, a déclaré:

“La motivation des USA et d’autres pays développés est claire – ils veulent que la Banque Mondiale prenne les commandes. C’est inacceptable. La Banque Mondiale est une institution non-démocratique décriée, bien plus apte à agraver le changement climatique qu’à le prévenir. La Banque Mondiale est le prêteur numéro un pour des projets néfastes au plan écologique et social, à travers le monde, depuis des prêts pour les carburants fossiles jusqu’au financement de la déforestation. Tout récemment, elle a consenti un nouvau prêt à l’Afrique du Sud pour la construction de la 4ème plus grande centrale au charbon du monde, un projet que la société civile sud-africaine décrit comme un désastre écologique et social.”

Un nouveau rapport publié aujourd’hui par les Amis de la Terre USA – Capitalizing on Climate: The World Bank Role in Climate Change and International Climate Finance  (Capitalistes du climat – le rôle de la Banque Mondiale dans le changement climatique et le financement international pour le climat) – met en lumière l’hypocrisie de la Banque Mondiale en tant que principal pollueur dont les prêts bloquent les pays en développement dans des modèles de développement intensifs en carbone pour des décennies. Simultanément, la Banque Mondiale veut prendre le contrôle des fonds supposés s’attaquer à cette  pollution. En outre, alors que la Banque Mondiale est supposée aider les pays en développement à éradiquer la pauvreté, ses pratiques sont la plupart du temps néfastes pour les pauvres et protègent les puissants.

Karen Orenstein des Amis de la Terre USA a déclaré:

“Les populations dans les pays en développement sont déjà obligées de faire face aux impacts climatiques des activités polluantes soutenues par la Banque Mondiale, alors que les efforts pour réduire la pauvreté – que la Banque est censée soutenir – sont réduits par la crise climatique. La meilleure chose que puisse faire la Banque Mondiale est de ne causer aucun dommage, pour commencer. Elle doit se retirer du business polluant qui détériore le climat.”

 

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Nnimmo Bassey, Président des Amis de la Terre International, +234 803 727 4395, nnimmo@eraction.org

Tom Picken, Chargé de campagne international sur le climat, Amis de la Terre Angleterre, Galles et  Irlande du Nord, +44 7810 558247, tom.picken@foe.co.uk

Susann Scherbarth, chargée de campagne Justice Climatique et Energie, Amis de la Terre Europe, +32 486 34 1837, susann.scherbarth@foeeurope.org