Négociations climatiques à Bonn : les pays développés continuent de se soustraire à leurs responsabilités

Communiqué de presse pour diffusion immédiate. 15 juin 2023, Bonn.
Une session houleuse des négociations climatiques des Nations unies s’achève aujourd’hui, au cours de laquelle les pays développés ont à nouveau bloqué toute avancée et sont revenus sur les engagements pris dans le cadre du processus climatique international, ne parvenant même pas à s’accorder sur l’ordre du jour jusqu’à la fin de la session.
Ces manœuvres autour de l’ordre du jour révèlent des failles de plus en plus béantes : les pays développés, sous la houlette des États-Unis et de l’Union européenne, cherchent à gommer leurs engagements en matière de financement de la lutte contre le changement climatique et en faveur de l’équité, ainsi qu’à occulter leurs responsabilités dans la crise climatique, et à imposer aux pays en développement des mesures qui ne s’accompagnent d’aucun financement ni d’aucune assistance technologique.
Les travaux se sont poursuivis à un rythme soutenu pour mettre en place un marché mondial du carbone en vertu de l’article 6 de l’accord de Paris. Mais ce marché n’est rien d’autre qu’une distraction dangereuse qui compromet la transition rapide et équitable vers l’abandon des combustibles fossiles, ainsi que les nouveaux financements publics supplémentaires dont les pays développés sont redevables à l’égard des pays en développement.
« Il est très préoccupant de constater que, pendant que les pays riches mettent tous leurs efforts dans le bloquage des discussions sur le financement de la lutte contre le changement climatique et sur l’équité, les marchés du carbone, eux, progressent tranquillement. Les grands pollueurs doivent être ravis », a déclaré Sara Shaw, coordinatrice pour la justice climatique et l’énergie.
« A ce jour, les marchés du carbone sont un échec. Il n’existe aucune règle susceptible de faire fonctionner un marché mondial du carbone. Les marchés du carbone sont une manoeuvre dilatoire qui détourne l’attention d’une véritable action en faveur du climat et cause de graves préjudices : ils empêchent la réduction des émissions et le financement du climat, ouvrent la porte à de nouvelles technologies aux aux impacts dangereux comme la géoingénierie et menacent les communautés du Sud par l’accaparement de terres et la violation des droits humains », a poursuivi Sara Shaw.
La COP28 s’annonce comme une lutte acharnée entre les pays développés et les pays en voie de développement.
Sara Shaw conclut, “À l’approche de la COP28, il est évident que les pays développés voudront faire porter le chapeau aux pays en développement en ce qui concerne l’absence de progrès et les luttes autour de l’ordre du jour. Mais les luttes à propos de l’ordre du jour ne sont que les symptômes d’une injustice bien plus profonde. Les pays en voie de développement se battent pour obtenir un financement climatique qui non seulement leur est dû, mais surtout qui est indispensable afin de permettre une transition équitable vers un nouveau système d’énergie renouvelable accessible à tous.”
Contacts:
Porte-parole en poste à Bonn: Sara Shaw, sara.shaw[a]foe.co.uk (parle anglais)
Autres renseignements presse: Madeleine Race, madeleine[a]foei.org (parle anglais, espagnol, français)