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DURBAN, AFRIQUE DU SUD, 6 décembre 2011 – La fédération des Amis de la Terre International a souligné aujourd’hui que les négociations sur le climat qui se déroulent actuellement à Durban négligent d’aborder le sujet urgent de la déforestation, tandis que des pays comme l’Australie sont occupés à lancer des projets forestiers favorisant des fausses solutions telle que la compensation du carbone.

Les négociateurs gouvernementaux doivent décider à Durban des manières de financer des projets chapeautés par le mécanisme connu sous le nom de REDD : la réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts dans les pays en développement.

D’après un nouveau rapport publié aujourd’hui par Les Amis de la Terre International, le tout premier projet REDD à grande échelle n’est pas à la hauteur des résultats annoncés [1].

La fédération des Amis de la Terre International est convaincue que ce projet offre une solution stérile face au changement climatique et que les projets REDD en cours empêchent de faire le nécessaire pour mettre un terme à la déforestation et la dégradation des forêts à travers le monde.

En réponse aux propositions débattues à Durban qui vont inclure les forêts dans les marchés du carbone, Isaac Rojas, coordinateur du Programme forêts et biodiversité des Amis de la Terre International précise :

« La compensation du carbone détourne l’attention des mesures nécessaires sur le terrain pour mettre un terme à la déforestation. Notre rapport montre que le projet REDD ne fait face à aucun des moteurs de la déforestation et ignore les droits des peuples indigènes et des communautés locales. La crise climatique ne sera pas résolue en transformant les forêts en marchandises au bénéfice d’entreprises polluantes dans les pays riches qui refusent de réduire leurs propres émissions. Pire encore, les projets REDD comme le Partenariat en matière de forêts et de carbone au Kalimantan violent les droits des peuples indigènes et provoquent des tensions désastreuses sur le terrain. »

Kate Horner, des Amis de la Terre États-Unis, poursuit :

« Avec les règles sur la table actuellement à Durban, le plan REDD n’a aucune crédibilité environnementale et aura des répercussions néfastes sur les droits des communautés. Par conséquent, les crédits de compensation du projet REDD auront un effet incitatif pervers sur l’abattage des arbres et la construction des routes. Bien que le prix du carbone s’effondre, de nombreux pays croient encore que le marché du carbone pourrait générer un financement considérable pour les projets de protection des forêts dans les pays en développement. Même s’il y avait un marché du carbone forestier, ce qui n’est pas le cas, la majeure partie des bénéfices serait phagocytée par les consultants, et n’irait pas à ceux qui en ont réellement besoin », ajoute Kate Horner.

Le rapport publié aujourd’hui par Les Amis de la Terre International dénonce un projet australien de compensation du carbone dans la région du Kalimantan central en Indonésie [1].

Le rapport ‘In the REDD’ (littéralement ‘dans le rouge’) est le fruit de recherches menées par des militants des Amis de la Terre Australie et Indonésie qui ont étudié le programme de Partenariat en matière de forêts et de carbone au Kalimantan (Kalimantan Forests and Climate Partnership/ KFCP), le projet REDD pilote le plus important du monde, qui a été mis au point entre l’Australie et l’Indonésie.

Ce rapport montre que le projet ne garantit pas les droits des peuples indigènes, est en conflit avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples indigènes, jette la confusion au sein des groupes locaux et provoque l’opposition des autochtones.

D’après ce nouveau rapport, le programme Partenariat en matière de forêts et de carbone au Kalimantan ne prend pas en considération les droits des peuples indigènes et des peuples dépendants des forêts. Ce projet néglige en outre de contribuer à une réduction des émissions de gaz à effet de serre étant donné que les entreprises d’huile de palme impliquées défrichent dans la plus totale illégalité les zones avoisinantes, malgré un moratoire sur la déforestation. Enfin, ce plan permet aux sociétés australiennes de continuer à polluer tout en se cachant derrière les crédits de compensation du projet REDD.

Le rapport affirme que les groupes de communautés ont à plusieurs reprises exprimé leur inquiétude face à un projet qui ne respecte pas leurs droits et qui ne fera pas face aux moteurs pertinents à l’origine de la déforestation. En juin 2011, une déclaration signée par 25 mantir adat (gardiens coutumiers) du district de Kapuas demandait l’arrêt du programme Partenariat en matière de forêts et de carbone au Kalimantan. Ces gardiens coutumiers ont souligné que la décision concernant la localisation du projet avait été prise entre le gouvernement australien et le gouvernement indonésien sans consultation locale, qu’aucune garantie écrite n’avait été donnée concernant le respect des droits relatifs au mode d’occupation, que la mise en œuvre du programme génère des troubles et des conflits internes dans la communauté et qu’ils nourrissent des doutes quant aux promesses énoncées dans le projet.

La fédération des Amis de la Terre International est d’avis que :

– Le marché du carbone forestier détourne l’attention des mesures nécessaires pour réduire les émissions et enrayer la déforestation.

–  Le marché du carbone forestier menace les peuples indigènes et les communautés locales dont la survie dépend des forêts.

– Des accords doivent conçus pour mettre un terme à la déforestation et la dégradation des forêts, et pas seulement pour réduire ou compenser les émissions de gaz à effet de serre.

– Les forêts doivent être exclues des marchés du carbone.

 

CONTACTS À DURBAN

Isaac Rojas, coordinateur du Programme forêts et biodiversité des Amis de la Terre International :
Tel : +27 720403445 (numéro de portable sud africain disponible uniquement jusqu’au 10 décembre)

Kate Horner, Les Amis de la Terre Etats-Unis :
Tel : + 27 762210491 (numéro de portable sud africain disponible uniquement jusqu’au 10 décembre)

Les Amis de la Terre International, ligne médias :
Tel : +27 791 097 223 (numéro de portable sud africain disponible uniquement jusqu’au 10 décembre) ou +31-6-5100 5630 (portable néerlandais) ou par email : media@foei.org

CONTACT EN INDONESIE

Teguh Surya, Les Amis de la Terre Indonésie / WALHI :
Email :  teguh.surya@gmail.com