Ce rapport analyse de manière critique les impacts sur la souveraineté alimentaire et les terres des propositions qui composent le paquet « Zéro emission nette » – y compris les soi-disantes « solutions basées sur la nature », les « absorptions naturelles du carbone » et les « compensations du carbone ». Il démontre pourquoi la compensation du carbone basée sur la nature constitue une menace réelle pour les moyens de subsistance, les territoires et les droits des peuples. Il souligne comment les solutions transformatrices aux crises climatiques et alimentaires – en particulier l’agroécologie pour la souveraineté alimentaire – risquent d’être cooptées et affaiblies dans la ruée vers ces fausses solutions si séduisantes.

Double risque : la souveraineté alimentaire et l’agroécologie sous la menace croissante des fausses solutions climatiques

Ces dernières années, plus de 1 500 entreprises ont pris des engagements en matière de « zéro émission nette », qu’il s’agisse de grands groupes pétroliers ou gaziers ou de géants de l’agroalimentaire. Ces engagements consistent à proclamer publiquement son intention d’annuler ses émissions à un moment donné dans le futur. Ils n’impliquent pas de réelles réductions des émissions.

Cette prétendue « annulation » des émissions, ou « compensation du carbone », peut se faire de deux manières. L’une consiste à mettre en œuvre des projets visant à prévenir, éviter ou réduire les émissions. L’autre se fait par des projets qui cherchent à absorber le carbone présent dans l’atmosphère. L’élimination du carbone peut se faire par des méthodes naturelles ou techniques. Ces méthodes « naturelles » sont généralement appelées « solutions basées sur la nature », ou parfois « solutions climatiques naturelles ».

Après avoir expliqué l’historique et la signification de ces concepts souvent déroutants, le rapport passe en revue différents types de soi-disant solutions, à l’aide d’exemples provenant du monde entier. Il révèle les motivations des gouvernements et des entreprises qui défendent ces concepts, notamment les entreprises agroalimentaires.

Les « solutions basées sur la nature » menacent les peuples et la planète

Le rapport met en évidence les risques d’accaparement et de dépossession des terres auxquels sont confrontés les peuples autochtones, les paysans et d’autres communautés rurales, en raison des besoins massifs en terres arables de la part des entreprises qui publient des engagements en faveur du « Zéro émission nette ». Par exemple :

  • Les plans de compensation affichés par Nestlé pourraient nécessiter la plantation d’arbres sur au moins 4,4 millions d’hectares de terres chaque année. Soit une surface de sols arables plus grande que l’ensemble de la Suisse !
  • La « mise en œuvre à grande échelle de solutions naturelles » par Shell nécessiterait la plantation d’arbres sur une « superficie proche de celle du Brésil ».

En outre, le rapport met l’accent sur l’augmentation de la séquestration du carbone dans le sol en tant que source pour la création de crédits compensatoires monnayables. Il montre à quel point les entreprises agroalimentaires, de combustibles fossiles et de technologie ont tout à gagner d’un accaparement massif de données et de terres. L’agriculture du carbone va enfermer les petits agriculteurs et les producteurs paysans dans des pratiques agricoles intensives pendant des décennies.

Enfin, le rapport détaille les principes transformateurs qui sous-tendent l’agroécologie, et la manière dont ceux-ci sont incompatibles avec le concept de « solutions basées sur la nature ». L’agroécologie repose sur l’efficacité dans l’emploi des ressources, la résilience, l’équité sociale et la responsabilité environnementale. Il s’agit de la seule manière transformatrice de produire des aliments, tout en refroidissant la planète et en stimulant la biodiversité. Elle redonne aux gens le contrôle sur leurs terres et leurs moyens de subsistance. L’agroécologie ne doit pas devenir un outil pour promouvoir de fausses solutions climatiques !