La nature du Business – rapport
La mainmise des entreprises et leur influence sur la Convention sur la diversité biologique se traduit par des tentatives de transformer la nature en affaires. L’environnement et les peuples en sont les grands perdants.
Selon le rapport d’évaluation mondiale de l’IPBES et le rapport Nine Planetary Boundaries, la biodiversité est en danger, tout comme la vie sur Terre.
Bien que les grandes entreprises soient reconnues comme l’un des principaux moteurs de la crise de la biodiversité, nombre d’entre elles prétendent faire partie de la solution et occupent une place de choix à la table des négociations ; elles infiltrent les processus des Nations unies pour s’assurer que leurs intérêts sont défendus et qu’aucune « solution » ne nuise à leurs profits.
L’influence des entreprises n’est pas nouvelle, mais elle s’est accrue au cours des dernières années. Elle a été encouragée par la nécessité de paraître responsable devant les consommateurs et les investisseurs soucieux des questions environnementales, par la perspective attrayante de profits « verts » et par l’attitude accueillante du système des Nations unies en général, et de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en particulier. Dans ces forums, les entreprises sont considérées comme des parties prenantes indispensables, conformément à l’idée que sans les entreprises (et leur argent), nous ne pouvons pas nous attaquer aux problèmes environnementaux.
Le rapport « La nature du Business: Influence des entreprises sur la Convention sur la diversité biologique et le Cadre mondial pour la biodiversité » expose les stratégies et tactiques utilisées par les acteurs du monde des affaires au sein de la CDB. Les nombreuses coalitions d’entreprises et leurs membres, ainsi que les propositions d’écoblanchiment qu’ils élaborent, sont également expliqués en détail.
Tactiques et stratégies utilisées par les entreprises pour influencer ou s’accaparer des agences et processus de l’ONU
Les entreprises utilisent une variété de tactiques et de stratégies pour obtenir les résultats qu’elles souhaitent dans les processus de la CDB. Elles forment notamment des coalitions aux noms à consonance écologique prometteurs, pour plaider (et faire pression) en faveur de solutions durables qui protègent leurs intérêts mais ne font rien pour l’environnement. Les exemples incluent les mécanismes de compensation (tels que « zéro perte nette », « gain net », « Nature positive » et « Solutions basées sur la nature »), l’auto-déclaration, l’autorégulation et l’auto-certification.
La sauvegarde de la biodiversité implique un changement radical, pas l’accaparement par les entreprises.
La participation des grandes entreprises à la CDB révèle un conflit d’intérêt fondamental : comment les principaux responsables de la perte de biodiversité – les mêmes entreprises qui doivent verser des dividendes à leurs actionnaires – pourraient-ils promouvoir la transformation radicale dont nous avons besoin ? Accepteraient-elles de réduire le champs de leurs activités et donc des revenus moindres ?
La réponse simple est non. Et l’impact de l’influence des entreprises sur la COP15 de la CDB est déjà visible dans le projet de cadre mondial pour la biodiversité. Loin d’être transformateur, il ne s’attaque pas aux méthodes de production non durables et permet le maintien du statu quo.
Les recommandations du rapport
Ce rapport rappelle clairement à l’ONU et à ses États membres que leur priorité absolue devrait être de servir l’intérêt public – y compris celui de tous les humains et non-humains de la planète – et de s’attaquer de toute urgence à la mainmise des entreprises sur la CDB. Elle appelle l’ONU à:
- Résister aux pressions des entreprises
- Renforcer la transparence en matière de lobbying
- Limiter le rôle des entreprises et de l’industrie et plafonner leur participation
- Divulguer toutes les relations et tous les liens existants avec le secteur privé
- Introduire un code de conduite pour les fonctionnaires de l’ONU
- Mettre fin à tous les partenariats existants avec les entreprises et les associations commerciales
- Mettre en place un cadre d’obligations juridiquement contraignant permettant de rendre les entreprises responsables du respect de la législation en matière d’environnement, de droits humains et de droits du travail.
Le rapport sera disponible à partir du 7 décembre 2022.