Rampal power plant Bangladesh_Luka Tomac

Inquiétudes face au fait que le rapport du GTIII du GIEC sur l’atténuation du changement climatique accepte un dépassement du seuil de 1,5°C et s’appuie sur des solutions techniques à l’efficacité non prouvée qui ne permettront pas d’enrayer l’emballement du changement climatique.

Amsterdam – 4 avril 2022 – Une fois de plus, les conclusions du GIEC sont devenues un champ de bataille politique. Les défenseurs de la justice climatique craignent que le message central des climatologues – à savoir que nous devons effectuer de toute urgence une transition équitable en abandonnant les combustibles fossiles afin de limiter le risque d’un réchauffement excessif – ne soit compromis par la légitimation d’un dépassement du seuil de réchauffement de 1,5 °C dans les scénarios modélisés et par la perspective de l’introduction de technologies à l’efficacité non prouvée et spéculatives pour refroidir la planète.

Les Amis de la Terre International, la plus grande fédération environnementale au monde, réagissent:

Selon Hemantha Withanage, président des Amis de la Terre International, basé au Sri Lanka :

Nous ne pouvons pas trahir la promesse de ne pas dépasser un seuil de réchauffement de 1,5 °C. Si le rapport du GIEC ne contient aucune piste d’atténuation qui évite de dépasser le seuil de 1,5 °C dans les limites du paradigme économique actuel, cela prouve une nouvelle fois que le système économique actuel est incompatible avec la vie sur Terre. La priorité de nos communautés, de nos mouvements et de nos décideurs doit maintenant être de mettre fin à l’ère des combustibles fossiles et de transformer nos sociétés et nos économies en systèmes durables conçus pour répondre aux besoins, à la sécurité et au bien-être des populations, et non aux principes du profit et de cupidité.

Pour Dipti Bhatnagar, coordinatrice du programme « Justice climatique et énergie » aux Amis de la Terre International :

Nous nous opposons à tout dépassement du seuil de 1,5 °C et rien ne justifie la poursuite de politiques ou de méthodes qui engendrent un tel dépassement. Nous avions l’habitude de chanter « One Point Five, we might survive » (À 1,5 °C nous pourrions survivre) – le seuil de 1,5 °C était déjà un compromis pour les communautés qui sont en première ligne et subissent les pires impacts climatiques. Le mois dernier, les climatologues du GIEC ont démontré que le fait de dépasser, même temporairement, ce garde-fou, pourrait enclencher une série de basculements qui provoqueraient un réchauffement en dehors de notre contrôle. Ce serait faire preuve d’une grave négligence de la part des économistes d’ignorer ces avertissements et de proposer des plans d’atténuation inéquitables permettant le dépassement de ce seuil, comme le propose ce nouveau rapport.

Meena Raman de Sahabat Alam Malaysia / Les Amis de la Terre Malaisie, commente :

L’idée que nous pourrons dépasser 1,5 °C et inverser le réchauffement climatique à l’aide de technologies de captage du carbone et de géo-ingénierie – technologies totalement spéculatives et qui n’ont pas prouvé leur efficacité à grande échelle – est une approche qui nie la science et méprise les vies humaines. Cela illustre la lâcheté et l’imprudence de tous ces décideurs qui ont échoué, à maintes reprises, à prendre des mesures lorsque celles-ci étaient nécessaires. Nous avons tout ce dont nous avons besoin pour résoudre ce problème sans attendre, il ne manque que le courage des soi-disants dirigeants mondiaux, en particulier ceux des pays du Nord, qui tentent de dissimuler leur responsabilité historique dans la création de cette crise.


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Photo : La centrale électrique de Rampal au Bangladesh. Luka Tomac.