Les grandes sociétés et les droits humains ont une mauvaise relation

Les grandes sociétés et les droits humains ont une mauvaise relation. Une majorité d’entreprises n’a pas de politique explicite en référence aux droits humains, d’après un rapport récent de l’Economist Intelligence Unit. Une proportion choquante de 17% des entreprises étudiées ne considère même pas les droits humains en tant que question relative à leurs affaires. En contraste avec la croissance alarmante des abus de droits humains – dont des menaces, kidnapping, meurtres, violence et intimidation – impliquant des sociétés transnationales et des défenseurs des droits humains et de l’environnement, il est très clair que les droits humains et les affaires sont profondément mêlés.
Les sociétés transnationales (TNC) qui tirent profit d’accords commerciaux inégaux mènent trop souvent à des violations de droits humains et à la destruction environnementale en exploitant des réglementations moins rigoureuses à l’étranger, habituellement dans des pays en développement.
Aujourd’hui, le 17 avril, est la journée internationale de la lutte paysanne – une journee pour mettre en lumière la persécution et la violence dont les paysans et les fermiers souffrent dans le monde quotidiennement, en conséquence de la mise en application de politiques néolibérales.
Ce jour-là, les Amis de la Terre International sommes solidaires de La Via Campesina, le mouvement international qui rassemble des millions de paysans, des fermiers de petite et moyenne taille, des personnes sans terres, des fermières, des peuples indigènes, des migrants et des travailleurs dans l’agriculture du monde entier, afin de défendre l’agriculture durable de petite taille comme manière de promouvoir la justice sociale et la dignité.
Des groupes membres des Amis de la Terre International et nos alliés ont vu des amis et des collègues tués, détenus ou menacés pour leur activisme communautaire et environnemental. En général, une grande société transnationale (TNC) est impliquée. Que l’on observe les sociétés de plantation d’huile de palme en Indonésie, les mines de charbon en Afrique du sud ou la construction de barrages au Honduras, des projets commerciaux de grande taille détruisent régulièrement l’environnement, ignorent catégoriquement les droits des communautés ou entraînent de la violence dans leur sillage.
Les gouvernements, la police et l’armée interviennent souvent pour protéger des intérêts commerciaux quand des manifestations se produisent. Pire encore, les gouvernements ré-écrivent les règles de plus en plus afin de criminaliser les manifestations ou de ‘renforcer’ les règles de sécurité. Les forces de sécurité privée agissant de la part de sociétés transnationales ou leurs filiales locales ont été impliquées de manière répétée dans des violations de droits humains de défenseurs environnementaux.
Les Amis de la Terre International soutiennent les activistes environnementaux et les défenseurs des droits humains à risque. Nos groupes membres et leurs partisans dans le monde entier ont offert leur solidarité dans des cas tragiques comme le tabassage et le meurtre de l’activiste et fermier indonésien Indra Pelani. Nous pensons que cette solidarité aidera à mettre en lumière ce problème et rappellera aux responsables présents et à venir que le monde garde un œil sur eux.
Les partisans des Amis de la Terre International se sont aussi ralliés dans un nombre de cas en Amérique centrale, où les sociétés transnationales et leurs filiales sont souvent impliquées dans du travail extractif extrêmement destructeur. Les Amis de la Terre International ont travaillé avec un nombre d’ONG pour promouvoir le cas de COPINH (Le conseil national des organisations populaires et indigènes du Honduras) et envoyer des lettres insistant sur un traitement juste pour sa co-fondatrice Berta Caceres.
Berta a souffert de manière consistante de menaces de mort, de fausses accusations et de harcèlement pour son travail en défense des droits communautaires et environnementaux – notamment pour son travail avec le peuple indigène Lenca, qui a fait pression avec succès sur le constructeur du plus grand barrage du monde de se retirer d’un projet de barrage sur leurs terres ancestrales.
Les sociétés transnationales – et les sociétés en général – doivent s’éveiller à leur rôle dans la mise en application totale des droits humains. Les gouvernements, et en particulier les organisations internationales comme les Nations-Unies, doivent garantir que des mécanismes soient en place pour rendre les sociétés transnationales et les sociétés responsables d’une manière juste et équitable pour les abus qu’elles commettent ou qui sont commis de leur part. C’est la raison pour laquelle nous faisons part d’une alliance demandant un accord contraignant sur les sociétés et les droits humains aux Nations-Unies.