« RESISTE » : des familles travaillant ensemble pour construire l’agroécologie au Chiapas, Mexique

Le gouvernement mexicain encourage le développement d’une agriculture orientée vers l’exportation, un choix politique qui profite avant tout aux grandes entreprises comme Monsanto et aux producteurs individuels disposant de vastes étendues de terres. Simultanément il met en œuvre une réforme agraire qui vise à accélérer le processus de privatisation des terres communales, alerte Otros Mundos Chiapas – Les Amis de la Terre Mexique.
Ce processus de privatisation favorise les propriétaires qui louent ou vendent leurs terres pour le développement de l’agrobusiness, comme les plantations de palmiers à huile ou d’ananas, renforçant ainsi le processus d’accaparement des terres en cours. Et selon l’organisation environnementale basée à San Cristóbal de las Casas, le « Programme spécial pour le développement rural durable » ne comprend aucune initiative agroécologique. Au contraire, il promeut différents projets énergétiques basés sur des plantations de monoculture d’ananas et de palmier à huile.
Dans un pays où la biodiversité est abondante, où le maïs sélectionné par les paysans est naturellement résistant aux moisissures, les administrations de droite ont choisi d’accorder la priorité aux plantations de monoculture, aux OGM et à Monsanto.
A l’inverse, Otros Mundos Chiapas estime que l’agroécologie fait partie de la recherche de modes de vie différents de ceux promus par le capitalisme, et visent la construction d’autres mondes possibles. Dans cette optique, l’organisation travaille sur l’agroécologie locale dans le cadre de « l’Espace de travail Alter Natos » avec des groupes de familles du Réseau de systèmes familiaux alternatifs et durables (Réseau RESISTE)*.
Développement d’expérience professionnelle
Selon les informations fournies par Otros Mundos Chiapas à Real World Radio, lors du travail avec les groupes familiaux, les processus de diagnostic et de renforcement des capacités environnementales de la communauté se font dans un cadre horizontal qui respecte la nature, les droits humains, la recherche de l’accès à l’eau, la nourriture saine, l’accès à l’énergie, toujours dans la cadre de la défense de la souveraineté.
Les groupes familiaux RESISTE organisent des réunions régionales et échangent des pratiques agroécologiques avec différents systèmes de production, ils échangent des semences et vendent des produits locaux. Ils organisent également des ateliers sur les systèmes de production agroécologiques, la gestion durable des forêts et la mise en place de systèmes technologiques adaptés. En outre, ils proposent un suivi des systèmes de production pour la transition agroécologique et agroforestière, du matériel de soutien, des bulletins d’information, des séminaires, entre autres activités.
Selon Otros Mundos, l’organisation travaille depuis peu avec huit groupes de familles dans des communautés de l’État du Chiapas, en coordination avec plusieurs organisations, groupes et personnes aux niveaux local, régional et national, pour l’échange d’expériences autour de l’agroécologie, ainsi que pour la défense des terres et du territoire. La défense de l’égalité des droits entre hommes et femmes dans la prise de décision dans les zones rurales et la gestion des biens naturels sont parmi les piliers de l’action de l’organisation.
Réalisations
La diversification des espèces a permis aux familles de récupérer de sauvegardes des semences d’espèces locales d’herbes et de légumes. Elles expérimentent également différents types de fumure organique et utilisent toutes les ressources disponibles localement. Le fait qu’elles n’utilisent pas d’intrants chimiques a un impact positif sur l’économie des familles, qui n’ont pas à dépenser d’argent pour ce type de ressources. Ce n’est pas un processus facile ou à court terme : la première étape de transition vers un système agroécologique requiert une quantité considérable de travail manuel.
Parallèlement, des pratiques de conservation des sols sont mises en œuvre dans les champs de production de céréales de base, notamment le maïs et les haricots. Le processus de régénération des sols ne permet pas de voir des résultats immédiats, mais il est essentiel pour améliorer les systèmes de production et augmenter les bénéfices. En outre, la diversification des cultures, l’incorporation de nouvelles espèces dans les systèmes a engendré un intérêt renouvelé pour la redécouverte des modes locaux de préparation des aliments.
Ce travail d’Otros Mundos Chiapas avec les groupes familiaux de RESISTE a permis de nouer des alliances avec des producteurs alimentaires et des organisations liées aux groupes paysans locaux. L’idée est d’étendre ce travail aux groupes familiaux urbains et ruraux, aux consommateurs et aux producteurs, impliqués dans les processus de défense des terres et du territoire, ainsi qu’aux groupes ou personnes travaillant ou s’intéressant aux systèmes alimentaires durables.
Pour en savoir plus (en espagnol uniquement) :
- Hablando y escuchando – Encuentro Resiste (Parler et écouter – Rencontre RESISTE)
- Caminando en zona Altos con Resiste (Randonnée dans la la région Altos avec RESISTE)
Ecoutez l’interview de 2016 en anglais ci-dessous, ou téléchargez le MP3 (2,6 Mb) ici.
*A noter que le Réseau RESISTE était un processus de 10 ans qui a débuté en 2009 et s’est terminé en 2019.