Des réseaux argentins œuvrent pour la production d’aliments sains et équitables

Real World Radio a interviewé Natalia Salvático, membre des Amis de la Terre Argentine, pour en savoir plus sur le travail réalisé par l’organisation cette année à travers le pays dans le domaine de l’agroécologie. La militante a commencé par faire référence au contexte politique argentin actuel :
« Nous vivons un énorme recul, qui implique de graves impacts pour l’agriculture familiale ».
Malgré les coupes dans les budgets publics consacrés à l’agriculture familiale et en dépit des bénéfices croissants engrangés par l’agriculture industrielle, notamment dans production de soja, mais également dans d’autres secteurs, comme la sylviculture, Natalia Salvático a affirmé que l’agriculture paysanne agroécologique se maintient et se renforce, « un type d’agriculture que nous devons défendre et dont l’importance pour la souveraineté alimentaire et, en fin de compte, pour notre survie à tous, est de plus en plus reconnue par la population ».
Les Amis de la Terre Argentine est membre du « Réseau de commerce équitable du littoral », un groupe en pleine expansion dans le pays, qui travaille « collectivement pour promouvoir les principes du bien vivre et de l’économie sociale et solidaire ».
Ce groupe a été créé pendant la crise de 2001 qui a secoué le pays et est principalement présent dans les villes de Santa Fe, Córdoba et Buenos Aires, mais inclut également des agriculteurs d’autres provinces. L’initiative se positionne en opposition au système dominant, explique Salvático :
« dans ce réseau, nous ne voulons pas faire des profit au détriment des autres ; nous travaillons avec des agriculteurs agroécologiques, des consommateurs et des coopératives textiles ».
Concernant la certification des aliments biologiques ou agroécologiques, la militante a fait référence à la nécessité de faire une distinction entre le système de certification participatif et celui du marché.
« Le réseau propose un système participatif de garanties avec les consommateurs qui nous soutiennent. Nous ne voulons pas du logo officiel « AB », parce que nous savons que pour l’agriculteur cela implique la pression d’un cahier des charges impossible à respecter, qui est d’une part axé sur l’exportation et non sur la consommation interne, et qui d’autre part est implémenté par des entreprises privées qui défendent leurs propres intérêts ».
Salvático a déclaré qu’il s’agit d’un mouvement en pleine croissance, mais elle précise :
« il sera nécessaire, en tant que mouvements sociaux et environnementaux, de voir comment défendre le travail des agriculteurs, car au fur et à mesure que ce mouvement grandira, il sera de plus en plus menacé par le système dominant ».

Initiatives durables
Des mouvements paysans, environnementaux, sociaux se sont réunis à Rosario en septembre 2016 pour le 5e marché national du réseau de commerce équitable du littoral et la 4e rencontre des initiatives de durabilité, organisés par les Amis de la Terre Argentine.
Salvático a expliqué l’objectif de la promotion et de l’organisation de ces espaces : « ces initiatives proposent d’avancer vers la transformation du système dans son ensemble, et pas seulement de certains de ses aspects ». Ainsi, en plus des discussions et des débats entre agriculteurs agroécologiques, tant la réunion que le marché des producteurs ont été des espaces de débat et de planification politique.