17 Nov press conference1

Le monde est confronté à une crise de la biodiversité ; les leaders et les délégués de la Convention sur la diversité biologique doivent prendre des mesures réelles pour mettre fin à la dévastation des écosystèmes du monde. Les Amis de la Terre International, ainsi que d’autres membres de la CBD Alliance, ont lancé cet appel urgent à l’action lors de l’ouverture de la 14e Conférence des Parties en Égypte.

« Il faut un changement de mentalité, cesser de regarder la nature comme un ‘capital naturel’ : la nature et la biodiversité ne sont pas un ensemble d’actifs économiques, elles sont essentielles à notre existence. »

Nele Marien, coordinatrice du programme Forêts et Biodiversité des Amis de la Terre International

Le développement économique et l’exploitation de la nature ont eu une place de choix dans les allocutions d’ouverture des délégués officiels, tandis que les causes de la perte considérable et toujours croissante de biodiversité ne figuraient pas au programme.

« Les causes principales de la perte de biodiversité sont l’agriculture, les infrastructures, l’extractivisme et les industries énergétiques et de transformation », a dit Marien. La Convention a essayé de faire prendre conscience à ces industries du besoin d’intégrer la biodiversité. Cependant, ce que l’on a vu jusqu’à présent c’est que les industries s’y engagent à leur manière. La secrétaire exécutive du Secrétariat de la Convention, Cristiana Pasca Palmer, a parlé dans son allocution d’ouverture du besoin d’une croissance substantielle de ces industries. Or, la croissance des secteurs destructeurs est, par définition, incompatible avec la conservation de la biodiversité.

« Ce n’est pas possible, c’est une contradiction. On ne peut pas intégrer la biodiversité et permettre en même temps que ces secteurs stipulent leurs conditions. La biodiversité doit être intégrée, mais nous mettons en question la façon de le faire. Il faut fixer des normes pour que ces secteurs ne dépassent pas les limites planétaires. »

Nele Marien

Teddy Baguilat, président de l’ICCA Consortium (Consortium des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire) a dit que les peuples autochtones savaient comment vivre en harmonie avec la nature, en consommant ce dont ils avaient besoin et pas plus.

« Les riches consomment vraiment trop et gaspillent vraiment trop. Pendant ce temps, les producteurs d’aliments ne mangent pas à leur faim. »

Teddy Baguilat

Il a dit que les peuples autochtones du monde entier étaient attaqués parce qu’ils défendaient des bassins versants et des territoires de grande importance contre le développement destructeur qui met en danger la biodiversité.

Nous devons nous occuper tout de suite des facteurs déterminants de la perte de biodiversité, parce que les plus pauvres sont ceux qui en subissent les effets et qui en souffrent le plus, a dit Simangele Msweli, du Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité (GYBN).

« Nous avons des ressources, mais il y a des personnes qui en consomment plus qu’elles n’en ont besoin. Ce que nous aimerions voir, ce sont des objectifs qui parlent d’équité et d’égalité, afin de pouvoir réduire cet écart. »

Simangele Msweli

« La société civile doit lutter pour des normes qui disent ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. »

Melina Sakiyama, GYBN

La CBD Alliance, dont les Amis de la Terre International sont membres, a demandé que la Convention sur la diversité biologique cesse d’être contrôlée par les grandes entreprises.

« Les réunions de la CDB ne doivent pas donner aux pays l’occasion de ‘verdir’ leur image. Nous ne voulons pas qu’ils nous racontent ce qu’ils font de bien, nous voulons les entendre dire qu’ils vont faire beaucoup plus, parce qu’il est urgent de changer de direction. Continuer de faire les mêmes choses en espérant que le résultat sera différent, c’est de la folie. Il nous faut rien moins qu’un changement fondamental de système, et on n’y parviendra pas par de simples promesses. »

CBD Alliance

Les délégués sont invités à célébrer le 25e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention, mais il n’y a pas grand-chose à célébrer. La biodiversité a énormément diminué et, bien que le thème de la conférence soit « investir dans la biodiversité », les investissements financiers qui la détruisent dépassent de manière exponentielle ceux qui la sauvegardent.

Les Amis de la Terre International soulignent que les nouveaux objectifs stratégiques – qui seront approuvés lors de la prochaine Conférence, en Chine en 2020 – doivent être un cadre qui garantisse que le monde commence à vivre dans les limites de la planète. La planète et ses habitants doivent avoir la primauté sur le développement économique et, surtout, sur les intérêts des grandes entreprises. L’accord doit être fondé sur une approche de la base au sommet, avec la participation des communautés locales et de ceux qui vivent avec la nature. Le système des engagements volontaires de l’Accord de Paris est un échec qu’il ne faut pas répéter.

Image principale : Global Forest Coalition