La justice de genre et la gestion communautaire des forêts
Ce cadre politique s’appuie sur les liens entre la gestion communautaire des forêts et la justice de genre. Il présente notre compréhension de la manière dont le système patriarcal opprime spécifiquement les femmes et exacerbe les formes de violence structurelle qui sont déjà ressenties sur leurs corps et leurs territoires. Notre approche reprend des éléments de l’écoféminisme et des féminismes communautaires territoriaux du Sud. Les femmes, leurs corps et leurs territoires doivent être reconnus, et des espaces créés pour leur participation politique effective.
<< Notre lutte est de plus en plus forte. Les femmes, les jeunes et les minorités sexuelles sont privés de leurs droits, les détenteurs du pouvoir remettent en question notre existence même. Nous défendons la vie et la biodiversité. Le racisme, le colonialisme et le patriarcat sont des systèmes d’oppression que nous devons combattre de manière globale >>.
Sandra Morán, Guatemala, Marche mondiale des femmes.
Les femmes jouent un rôle central dans les pratiques de la gestion communautaire des forêts. Les femmes ont une connaissance très diversifiée des forêts, axée sur les produits forestiers liés à l’agriculture familiale, à l’alimentation, au bois de chauffage, à la recherche de nourriture, à l’amélioration de la fertilité des sols et aux pratiques de conservation, ainsi que sur les espèces utilisées dans les foyers et pour la santé. Les femmes ont également une connaissance spécialisée des arbres et des forêts en termes de diversité des espèces. Les femmes conçoivent la nature, la biodiversité et les connaissances de manière holistique, au sein d’un territoire qui doit être défendu et préservé pour le bien de l’humanité dans son ensemble.
<< Encadrer la gestion communautaire des forêts dans une perspective féministe nous permet de voir la nature sous d’autres angles qui sont également implicites dans le fait de s’occuper des forêts ; de le faire à travers les émotions, la sensibilité, la pratique spirituelle. Cela nous permet de nous revoir et de nous reconnaître >>.
Theiva Lingam, Amis de la Terre Malaisie / Sahabat Alam Malaysia.
Ce cadre pour la justice de genre et la gestion communautaire des forêts est un document vivant qui doit continuer à être nourri par les expériences et les dialogues avec les mouvements alliés des Amis de la Terre International. Cela nous permettra d’identifier des lieux communs qui nous permettront de continuer à promouvoir et à exiger la permanence de la défense de la vie et donc des forêts et de la biodiversité. Il s’agit également de reconnaître les perspectives féministes en accord avec la vision politique des Amis de la Terre International – telles que celles de l’écoféminisme et du féminisme communautaire territorial – qui nourrissent ces approches. Cela nous permettra de les développer davantage, ainsi que d’exposer les tensions et les dynamiques de pouvoir qui existent au sein de la GCF et que nous devons démanteler dans le cadre de la stratégie de transformation. Tout ceci vise à garantir le droit des femmes à participer pleinement à la vie sociale, politique et économique de leurs communautés, ainsi que leur accès à l’eau, aux semences et aux conditions de production et de vente avec autonomie et liberté, dans le respect des cycles de la vie.