La gestion communautaire des forêts (GCF) est une pratique culturelle et spirituelle. C’est un mode de vie développé par les peuples autochtones et les communautés locales, à partir de leur vision culturelle et spirituelle de ce qu’est la nature. Ces peuples gèrent leurs territoires de manière à assurer la conservation et l’utilisation durable de la nature, tout comme les bénéfices sociaux, écologiques, culturels et même économiques. Ainsi, ils défendent, entretiennent et revigorent aussi bien la gestion communautaire des forêts que des modes de vie qui montrent qu’il est possible de vivre en harmonie avec la nature.
La gestion communautaire des forêts est particulièrement importante en cette période où le climat et la biodiversité sont en crise. Le concept de GCF suppose que les communautés ont le contrôle politique de leurs territoires et ressources grâce à des systèmes horizontaux de prise de décisions, qui impliquent de fonctionner avec transparence et de rendre des comptes au reste de la communauté. La GCF n’est pas limitée aux forêts, elle peut être appliquée à d’autres écosystèmes. Elle est holistique, parce qu’elle comporte l’utilisation appropriée et bien planifiée de l’eau, des sites sacrés et de la biodiversité. Elle n’est pas non plus une simple question d’administration politique, parce qu’elle exige des technologies appropriées, des savoirs traditionnels, et une planification et des pratiques communautaires pour que les ressources soient utilisées avec méthode. L’élément ‘gestion’ de la GCF signifie que les communautés locales et les peuples autochtones doivent assurer la gouvernance de leurs territoires.
La gestion fait référence aussi à une administration ordonnée, à un processus politique d’auto-gouvernance et de formulation de politiques holistiques qui garantissent la durabilité, le partage équitable des bénéfices et le respect du territoire et de ses ressources. Tout ceci va bien au-delà de la simple gestion technique, et c’est ainsi que cela se passe dans le cas de la gestion durable des forêts.
Les communautés locales et les peuples autochtones qui pratiquent la gestion communautaire des forêts ont un lien ancestral avec un territoire déterminé, lequel comporte de nombreux éléments qui facilitent l’auto-gouvernance. Il s’agit d’un lien très profond qui comprend le mode de vie, l’énergie, la santé, l’identité et la culture, et qui est intimement associé aux ancêtres et aux rapports intergénérationnels. Ainsi, il sert de base à la détermination des valeurs, à leur internalisation, et à la formulation des règles. Il est lié aussi à la spiritualité.
Le pourquoi de la gestion communautaire des forêts
La gestion communautaire des forêts est importante. Elle renforce les droits collectifs des peuples autochtones et des communautés locales, évite le déboisement et la dégradation des forêts, contribue à stabiliser le climat, encourage l’organisation de la communauté et protège les biens communs, contribuant ainsi à la justice sociale, économique et de genre. La GCF fait partie intégrante des propositions de l’agroécologie pour la souveraineté alimentaire et encourage les économies durables. En ceci, la GCF est inextricablement liée à d’autres solutions d’origine populaire qui ont de nombreuses caractéristiques communes, telles que le caractère collectif et émancipateur et l’objectif de bâtir des sociétés différentes, plus équitables et justes.
La gestion communautaire des forêts est pratiquée dans leurs territoires par des peuples autochtones et des communautés locales, et elle est donc vulnérable aux divers dangers auxquels sont confrontés ces peuples et territoires. Les mines, la construction de barrages et la transformation des forêts en plantations industrielles d’arbres ou de matières premières agricoles ne sont que quelques-unes des nombreuses menaces qui planent sur elle. Les responsables sont les sociétés transnationales et la complicité des gouvernements, ainsi que la non-reconnaissance des droits des peuples autochtones et des communautés locales sur leurs terres.
La financiarisation de la nature impose, souvent sur les territoires des peuples, des mécanismes qui privatisent les fonctions et les biens de la nature et qui représentent donc un danger réel pour la GCF.
Défendre la gestion communautaire des forêts implique de lutter contre les projets et les politiques qui menacent les droits collectifs des peuples. C’est ainsi que nous défendons le mode de vie des peuples autochtones et des communautés locales, en encourageant et en renforçant les pratiques qui ont protégé la nature des millénaires durant.
Nous soutenons nos organisations membres du monde entier qui travaillent pour la gouvernance communautaire des forêts aux côtés des peuples autochtones et des communautés locales.