Mission internationale au Guatemala et au Salvador : ‘Les multinationales pillent les ressources naturelles et violent les droits de l’homme’

Une mission internationale organisée par la fédération environnementale les Amis de la Terre International au Guatemala et au Salvador a attesté de violations systématiques des droits de l’homme et d’actes criminels commis à l’encontre des activistes environnementaux et des communautés qui résistent aux projets miniers et hydroélectriques.
Cette mission a été organisée entre les 13 et 19 novembre par les Amis de la Terre Salvador (CESTA) et les Amis de la Terre Guatemala (CEIBA) avec la participation d’organisations alliées tel que l’institut transnational (Transnational Institute) et les groupes membres de La Vía Campesina.
Les cas de résistance dont la mission au Guatemala a pu être témoin comprennent ; la résistance contre la mine Marlin, propriété de l’entreprise canadienne Goldcorp dans la municipalité de San Miguen Ixtahuacán ; la situation des prisonniers politiques de Santa Cruz Barillas qui ont fait l’objet d’une arrestation arbitraire en mai 2012 pour avoir résisté à la construction d’un barrage hydroélectrique, propriété de l’entreprise espagnole Hidralia SA et enfin la résistance des résidents de San José del Golfo à l’installation de la mine Exmingua, propriété de la Canadian Radius Gold Corporation.
Les délégués de la mission au Salvador ont été informés en détail des combats du comité environnemental de Cabañas en vue d’éviter l’installation d’un projet d’extraction d’or et d’argent de la mine El Dorado par l’entreprise canadienne Pacific Rim.
Les représentants de la fédération environnementale comprenaient Jagoda Munic de Croatie, présidente des Amis de la Terre International, ainsi que des délégués des Philippines, d’Espagne, d’Argentine, du Brésil, d’Uruguay, du Honduras, de Colombie, du Costa Rica, du Salvador, du Guatemala et de Suède.
« Après avoir discuté avec les communautés concernées, on ressent de la tristesse et de l’indignation en constatant la situation qui est la leur », a observé la présidente de FoEI, Jagoda Munic.
Elle a exprimé la solidarité internationale avec le combat des communautés touchées au Guatemala et avec la défense des droits de l’homme, et a affirmé l’engagement des Amis de la Terre international à soutenir les communautés dans leur résistance.
« Les communautés qui résistent ont été accusées de terrorisme. Nous avons été en mesure de vérifier que c’est loin d’être le cas et qu’elles défendent au contraire leurs territoires et leurs moyens de subsistance », a souligné Jagoda Munic.
Enfin, Jagoda Munic a condamné les détentions arbitraires des chefs de file de la résistance et affirmé que la communauté internationale attend le résultat de l’audition qui aura lieu le 26 novembre prochain par la justice guatémaltèque, qui décidera du sort de ceux qui sont encore détenus dans l’affaire Santa Cruz Barillas.
Pendant ce temps, le président des Amis de la Terre Espagne, Victor Barro, a affirmé que « les investissements effectués en Amérique latine par des entreprises qui prétendent être espagnoles, telles que Hidralia SA, Telefonica, Union Fenosa et Aguas de Barcelona, ont entraîné des conflits socio-environnementaux et des violations des droits de l’homme. Ces actions garantissent la pérennisation du mode de vie européen qui est actuellement en crise et touche de plus en plus de personnes dans les deux régions. Preuve en est la grève générale qui a eu lieu récemment eu Europe. »
Barro a également exprimé le message formulé par les prisonniers politiques auxquels il a rendu visite dans la prison de la Région 18 à Guatemala City : « L’entreprise doit laisser nos familles tranquilles et quitter le territoire. »
Pendant ce temps, Danilo Urrea, des Amis de la Terre Colombie (CENSAT) a abordé les différents cas de résistance dont il a été témoin pendant la mission. « Nous sommes face à une crise structurelle du modèle extractiviste et patriarcal engendré par la rupture des relations entre la société et la nature. Cette tendance se vérifie dans la territorialisation du capital et la financiarisation de la nature qui entraînent des déplacements de personnes et des violations des droits de l’homme. »
Danilo a en outre souligné que « la Colombie est un exemple de la criminalisation des mouvements de protestation et du combat par le biais de lois et de la militarisation des territoires dans toute l’Amérique latine. La disparition de dirigeants et le déplacement de populations sont devenus des stratégies auxquelles ont recours les entreprises pour démanteler les combats et prendre le contrôle des territoires. »
Lyda Forero de l’institut transnational a expliqué quant à elle que le tribunal permanent des peuples qui s’est réuni entre 2006 et 2010 a auditionné de multiples cas d’entreprises qui se livraient à des violations des droits de l’homme en Amérique centrale. « Deux ans plus tard, nous constatons que les violations des droits de l’homme dénoncées devant le tribunal perdurent et s’aggravent ».
Les délégués de la mission internationale ont expliqué que les crimes économiques et écologiques perpétrés par les entreprises transnationales dans le cas des mines Marlin et Barillas au Guatemala et de la Pacific Rim au Salvador étaient symptomatiques de problèmes systémiques mondiaux.
Ils ont en outre dénoncé les crimes commis par les entreprises transnationales avec la complicité des gouvernements (qui adoptent des lois en faveur des entreprises au mépris des droits des communautés) sous forme de traités internationaux de commerce ou d’investissement.
Les délégués de la mission ont clairement expliqué que les multinationales confrontent les communautés et divisent les familles par le truchement de transferts de fonds et de publicités mensongères dans le cadre de leur stratégie de responsabilité sociale d’entreprise.
Cette mission a exprimé le besoin de mettre un terme à l’impunité des entreprises transnationales en Amérique centrale.
Elle a en outre formulé la nécessité que ces entreprises quittent les territoires concernés et compensent les communautés affectées.
Enfin, elle a demandé la libération des prisonniers politiques victimes de crimes en raison de leur résistance civile, et dans le cas du Salvador, a demandé que la lumière soit faite sur les meurtres et les persécutions commis à l’encontre de militants environnementaux à l’aide de toutes les garanties légales et éthiques.