Tuée par l’impunité: Berta Cáceres et le projet d’Agua Zarca
« Je ne peux pas circuler librement sur mes propres terres ni me baigner dans le fleuve sacré, et je vis séparé de mes enfants à cause des menaces. Je ne peux pas vivre en paix, j’ai toujours cette peur d’être tué ou kidnappé. Mais je refuse l’exil. Je me bats pour les droits humains et je n’abandonnerai pas ce combat ».
— Berta Cáceres, assassinée chez elle par des tueurs à gage le 2 mars 2016 en représailles de son travail de défense des territoires et des droits humains de son peuple.
Berta Cáceres a été tuée pour avoir protesté contre le barrage hydroélectrique d’Agua Zarca qui menaçait un fleuve considéré comme sacré par son peuple au Honduras. La communauté locale a subi des années d’intimidations et de répression militaire durant lesquelles cinq personnes ont été assassinées. Il s’est avéré que l’entreprise de construction du barrage était directement impliquée dans ces meurtres.
Plusieurs institutions internationales ont financé ce projet, dont deux bailleurs européens: l’Institution de financement du développement hollandaise (FMO) et l’Institution de financement du développement finlandaise (Finnfund). Lorsqu’ils ont été informés des violations des droits humains liées à la construction du barrage au sein des communautés locales, ils ont fait la sourde oreille et n’ont aucunement remis en question leur participation.
Les banques ont prétendu avoir suivi les principes directeurs desNations unies sur les entreprises et les droits humains (UNGP) et la diligence raisonnable en matière de droits humains, en dépit de preuves accablantes de manquements aux normes internationales par le projet. Après le meurtre de Berta, les entreprises ont subi une forte pression et ont fini par prendre la décision d’arrêter de financer le projet.
Cette affaire montre bien que, pour prévenir de telles violations des droits humains, il faut des normes contraignantes permettant de demander des comptes aux entreprises lorsqu’elles violent les droits humains et lorsque leurs activités entrainent des dommages écologiques. Cet exemple met clairement en évidence le fait que les engagements volontaires sont inefficaces. C’est pourquoi nous demandons un traité contraignant.
Tant que l’impunité des entreprises ne sera pas maîtrisée, les violations des droits humains continueront, les défenseurs des droits humains et de l’environnement seront toujours assassinés pour avoir protégé la nature et les droits humains au Honduras et partout ailleurs.
Mettre un terme à ces violations des droits humains signifie mettre un terme à l’impunité pour ceux qui sont derrière ces crimes, a déclaré Laura Zúñiga, fille cadette de Berta Cáceres.
« Notre bataille pour la dignité, la vérité et la justice ne se termine pas ici. Nous continuerons à nous battre – comme l’a fait Berta Cáceres ».