Two boys on a small fishing boat in Bangladesh

Entre les centrales nucléaires, les mines de charbon et les centrales électriques au charbon, les communautés et les écosystèmes du Bangladesh sont confrontés aux multiples menaces d’une course au « développement » qui ne peut que les dévaster.

Alors que son économie reste fragile, le gouvernement bangladais ouvre ses portes aux multinationales avec des promesses vides d’emplois et de sécurité énergétique pour les communautés locales dont la vie et les moyens de subsistance sont bafoués. L’industrialisation de zones vierges telles que le riche écosystème des Sundarbans a déjà de graves conséquences : marginalisation des communautés qui vivent en harmonie avec la forêt depuis des décennies et vulnérabilité accrue du pays face aux effets du changement climatique.

Alors que de nouvelles menaces pèsent sur la population et l’environnement au Bangladesh, il y a de quoi s’inquiéter, mais aussi de quoi lutter et résister. Les peuples et les communautés font preuve d’une résilience, d’une puissance et d’une force incroyables. Plus que cela, elles apportent de l’espoir sous la forme de solutions énergétiques qui profitent à la fois aux personnes et aux écosystèmes.

Fisherfolk rely on the waters of the Sundarbans, near the Rampal coal power plant site, for their livelihoods.
Les pêcheurs dépendent des eaux des Sundarbans, près du site de la centrale à charbon de Rampal, pour leur subsistance.

La centrale nucléaire de Rooppur : une catastrophe en devenir

« Rooppur nous a été présenté comme une alternative. Mais nous savons maintenant ce que les centrales nucléaires peuvent engendrer. Nous connaissons les désastres qui peuvent s’y produire s’il y a un quelconque dysfonctionnement, s’il y a un quelconque accident. Le désastre dépasse l’imagination. Et il dure pour toujours, pour des générations et des générations. »

– Khushi Kabir, ONG Nijera Kori.

L’idée de la centrale nucléaire de Rooppur a été élaborée pour la première fois dans les années 1960 et, bien qu’elle ait été oubliée après l’indépendance, le projet a refait surface dans les années 1970 avec le soutien de l’Union soviétique de l’époque. Ces dernières années, Rooppur est apparu comme une source d’énergie alternative pour le Bangladesh, dont les réserves de gaz se sont révélées moins abondantes que prévu.

Le projet attire beaucoup d’argent, notamment des fonds et des technologies de la Russie et un prêt de 14 milliards de dollars de l’Inde. La promesse d’emplois, d’énergie et de sécurité militaire s’évanouit déjà car la centrale serait exploitée par l’Inde, prouvant une fois de plus que si tous les risques sont supportés par la population locale, elle ne recevra aucun des bénéfices.

La centrale nucléaire est également prévue dans une zone densément peuplée, où tout accident aurait des conséquences inimaginables. Le site de construction a déjà été le théâtre de nombreux accidents chez les ouvriers le gouvernement ayant accéléré la cadence afin de tenir les délais impartis, malgré la pandémie mondiale de Covid-19, ce qui accroît le risque d’accidents une fois la centrale mise en service.

La centrale électrique au charbon de Barapukuria : la malédiction des cendres volantes et de la pénurie d’eau

Dans la province de Dinajpur, dans le nord du Bangladesh, la centrale au charbon de Barapukuria dévaste depuis des décennies tant les communautés locales que les écosystèmes locaux.

The Barapukuria coal power plant looms over East Dudhipur village, spreading its toxic pollution in all directions.
La centrale au charbon de Barapukuria domine le village d’East Dudhipur, répandant sa pollution toxique dans toutes les directions.

L’acquisition du terrain pour la construction de la centrale électrique s’est faite en 1995, et la mine de charbon a commencé à fonctionner en 2005. Elle produit 4 000 à 5 000 tonnes de charbon par jour, dont 2 000 tonnes sont utilisées par la centrale électrique le reste étant vendu aux exploitants de fours à briques. La mine de charbon et la centrale électrique sont en cours d’expansion, ce qui ne fera qu’exacerber les problèmes causés aux communautés locales.

Le développement des centrales électriques au charbon a entraîné une pollution par les cendres volantes et une raréfaction de l’eau, provoquant de graves problèmes de santé et détruisant les terres agricoles. La promesse d’emplois et de fourniture d’énergie pour les communautés s’est rapidement évaporée, laissant la place à la destruction des vies et des moyens de subsistance, des centaines de personnes attendant encore une compensation pour les impacts irréversibles qu’ils ont subis.

Women with working cow in village in Bangladesh.
La vie au village de East Dudhipur, à l’ombre de la centrale à charbon de Barapukuria.

L’association des juristes pour l’environnement du Bangladesh (Bangladesh Environmental Lawyers Association – BELA/ Amis de la Terre Bangladesh) et Amis de la Terre International se sont rendus dans le village d’East Dudhipur pour s’informer sur les problèmes auxquels la communauté est confrontée.

Les villageois de Dudhipur Est nous ont dit que la poussière de cendres volantes émise par l’usine de charbon provoque des problèmes de santé, des maladies de la peau et des yeux affectant même les plus jeunes. Le médecin le plus proche se trouve à 10 km de là à Phulbari, ce qui rend l’accès aux soins encore plus difficile. Les cendres volantes appauvrissent également la fertilité des terres agricoles dont dépendent les communautés pour leur survie.

Woman from village in Bangladesh.

Rokshana Parveen, du village de East Dudhipur, a expliqué comment la centrale au charbon porte préjudice aux villageois :

« Lorsque les cendres commencent à pleuvoir, nous ne pouvons pas laisser sortir nos enfants, emmener notre bétail au pâturage, faire sécher notre linge.À cause des cendres en suspension dans l’air, nous souffrons de lésions oculaires, de perte de cheveux et d’éruptions cutanées. Nos vergers souffrent. Plus rien ne pousse. Nous sommes les victimes. »

Four children playing in village in Bangladesh
Enfants jouant dans le village de East Dudhipur.

Les communautés locales – en particulier les femmes – sont également très affectées par les effets irréversibles du développement de la centrale au charbon sur leur accès à l’eau. L’usine puise d’énormes quantités d’eau dans la nappe phréatique, ce qui entraîne une pénurie d’eau pour les villageois. Les petits étangs sur lesquels les communautés comptaient pour s’approvisionner en eau – connus localement sous le nom de « pukur », et que l’on trouve couramment dans tout le Bangladesh – sont désormais asséchés. Les habitants sont contraints, pour leur survie, de se contenter d’une canalisation apportant de l’eau depuis ailleurs dans la région, pendant une heure par jour. Les eaux de surface et l’eau courante sont contaminées et acides.

Les plaintes, les manifestations et les protestations des communautés locales sont pour l’instant ignorées par le gouvernement, et la nouvelle extension de la mine et de la centrale électrique n’offrent que des perspectives de destruction et de dommages supplémentaires pour les communautés locales. Au-delà de la demande de compensation et de restauration pour elles-mêmes, les communautés locales veulent que ceci serve d’exemple pour illustrer les effets désastreux de l’extraction du charbon et de la production d’électricité à partir du charbon, afin d’éviter que les mêmes erreurs ne se reproduisent à Rampal, où les communautés locales ainsi que la forêt vierge des Sundarbans sont en danger.

« Nous avons entendu dire qu’il allait y avoir une autre centrale thermique à Rampal. Nous avons souffert à cause de la centrale thermique dans notre région, et ils vont subir le même sort. On ne veut pas de ça. »

– Rafiqul Islam, un villageois de East Dudhipur.

La forêt des Sundarbans : la mère protectrice

« Nous avons vu que, lors des grands cyclones comme Sidr et Aila, les Sundarbans nous ont protégés. Les Sundarbans sont comme notre mère et nous devons la protéger. »

– Shikha Halder, Union Chila, Sundarbans.

Shoreline and mangroves in Sundarbans.
La beauté de la biodiversité de l’écosystème des Sundarbans, à proximité du village de Laudob.

La forêt des Sundarbans, la plus grande forêt de mangrove côtière du monde, s’étend sur 10 000 Km2 sur la côte du Bangladesh et de l’Inde. Son nom signifie littéralement « belle forêt » dans la langue bangla. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et labellisée Site Ramsar, elle est reconnue comme une zone humide d’importance internationale et renferme trois réserves naturelles.

La forêt de mangrove assure la pérennité de la vie et des moyens de subsistance des communautés locales pendant des générations, les paysans, les pêcheurs et les collecteurs de miel vivant harmonieusement dans ce riche écosystème..

Fisherfolk in Sundarbans.
Pêcheurs près de Karamjol, Sundarbans.

Khushi Kabir, qui travaille avec l’organisation non gouvernementale bangladaise Nijera Kori pour organiser les paysans sans terre, se souvient:

« J’ai eu la chance de l’avoir vu dans les premières années. En 1980 et 1981, j’ai commencée à y travailler, et j’y ai vu la nature symbiotique de la relation entre les Sundarbans et leur environnement, ainsi que les gens de la région et la manière dont ils travaillaient. »

Portrait of Khushi Kabir.
Khushi Kabir chez elle, à Dhaka.

Dans un pays qui compte parmi les plus vulnérables aux effets du changement climatique, les mangroves des Sundarbans offrent un abri crucial, agissant comme un puits de carbone naturel et une barrière protectrice contre les cyclones, les tempêtes et les tsunamis.

Smiling women in Laudob village, Sundarbans.
Femmes souriantes dans le village de Laudob, Sundarbans.
Monkeys in Sundarbans
Des animaux des Sundarbans.

Cette relation symbiotique entre la population et la forêt a été érodée par l’industrialisation croissante de la région, notamment par la menace inimaginable de la construction d’une centrale électrique au charbon dans l’une des zones les plus riches en biodiversité du Bangladesh.

« Ce qui se passe actuellement avec la centrale électrique et l’industrialisation subséquente d’une zone extrêmement fragile – fragile à la fois sur le plan écologique que sur celui de la vie et des moyens de subsistance des gens – est la destruction de tout un système au nom du développement. »

– Khushi Kabir, ONG Nijera Kori.

Génération après génération, dans le village de Laudob, la communauté a pris soin de et vécu en symbiose étroite avec l’écosystème depuis de très nombreuses années, prenant soin de la forêt et de la faune sauvage qui assurent leur subsistance et leurs moyens de subsistance. La dévastation résultant de l’industrialisation de la région a déjà laissé une empreinte néfaste sur leurs vies. La pêche industrielle a entraîné la construction de routes et des travaux de creusement qui ont eu un impact sur les moyens de subsistance.

Villagers threshing grain and tending to animals in village in Bangladesh
Les gens vaquant à leurs occupations quotidiennes : battre le grain et s’occuper de leurs animaux, village de Laudob, Sundarbans.

Sacrifiés au nom du développement

« Nous sommes contre cette énergie issue du charbon. Elle détruit les ressources nationales, les animaux et la santé. Nous avons fait des manifestations, nous avons même fait une chaîne humaine. La centrale au charbon n’est qu’à 14 km des Sundarbans. Les forêts des Sundarbans seront ravagés par les cendres volantes et les émanations acides du carbone. C’est pourquoi nous manifestons contre la centrale. Oui, nous avons besoin d’énergie, mais pas comme ça. »

Adv Mohsin, un ancien, combattant de la liberté.

People on a boat in the Sundarbans in Bangladesh with Rampal coal based power plant construction site in the background.
Le site de construction de la centrale à charbon de Rampal, au bord des eaux des Sundarbans.

La menace de la centrale à charbon de Rampal est présente dans tous les esprits depuis quelques années. Les villageois, les pêcheurs, les communautés locales et les ONG partagent les mêmes inquiétudes et la même incompréhension à l’idée d’une énorme centrale à charbon plantée au beau milieu de l’écosystème le plus fragile et le plus précieux du Bangladesh.

« Ce projet détruirait intégralement la plus grande forêt de mangroves du monde et priverait des millions de personnes de leurs moyens de subsistance traditionnels. »

Syeda Rizwana Hasan, Directeur général, Bangladesh Environmental Lawyers Association (BELA).

Signboard marking the location of the Rampal power plant in Bangladesh
Panneau de signalisation marquant l’emplacement de la future centrale électrique de Rampal, visible depuis un bateau sur les eaux des Sundarbans.

La centrale envisagée, dont la mise en service était prévue pour la fin de l’année 2021 est actuellement retardée en raison de la pandémie de Covid-19. La centrale est un projet conjoint du Bangladesh Power Development Board (Office de développement énergétique du Bangladesh – BPDB) et de l’entreprise publique indienne National Thermal Power Corporation (NTPC). Elle accaparerait 1 834 acres de terrain (soit environ 750 hectares) et serait située à seulement 14 km au nord des Sundarbans, à 9 km de la réserve de dauphins de Dhangmari et à 4 km de la zone écologiquement critique (ZEC) des Sundarbans. Elle prévoit d’importer annuellement 4,72 millions de tonnes de charbon, ce qui augmentera considérablement le trafic sur la rivière Pashur, 59 navires par jour étant nécessaires pour transporter le charbon.

Le terrain sur lequel la centrale doit être construite est un mélange de terres privées et de parcelles appartenant au gouvernement. Ces dernières, appelées terres khash, sont destinées à soutenir les populations pauvres et sans terre. Au lieu de cela, ces terres sont cédées à des entreprises. Ces terres riches et fertiles sont utilisées pour cultiver du riz, élever des crevettes et assurer la vie et les moyens de subsistance des pêcheurs et des communautés de collecteurs de miel.

Début 2018, près de 2 000 personnes avaient déjà été déplacées au nom du développement, et celles qui restent subissent les impacts de l’industrialisation continue de la région.

Israfil Boyati, un pêcheur originaire de Dhangmari, déplore la diminution du nombre de poissons dont il a été témoin au cours de sa vie:

« les effluents chimiques des industries empoisonnent les poissons, et des navires pénètrent constamment dans les Sundarbans. »

Man on a boat in the waters of the Sundarbans in Bangladesh
Un homme sur un bateau dans les eaux des Sundarbans.

Les collecteurs de miel ont également été chassés des berges des rivières où ils avaient l’habitude de récolter du miel. Les fumées industrielles repoussent les abeilles à l’intérieur des terres, forçant les collecteurs de miel à les suivre, ce qui les expose encore davantage aux attaques des tigres de Bengale.

Le gouvernement soutient avidement le projet de centrale au charbon de Rampal, promettant emplois et développement dans la région, mais à quel prix ?

« On ne pourra jamais recréer les Sundarbans, même en mille ans. Si les Sundarbans sont détruites, qui nous protégera des calamités naturelles comme les cyclones Aila et Sidr ? La forêt réduit les impacts des fortes tempêtes et nous offre un abri, tandis les racines des arbres empêchent notre terre d’être emportée. »

– Mohammed Nur Alam, Gardien de la rivière Pashur.

« Le plus gros problème est l’inégalité qui existe dans nos structures, et cette inégalité existe parce que les personnes les plus marginalisées, les plus pauvres, sont celles qui n’ont ni voix ni moyen de s’affirmer. »

– Khushi Kabir, ONG Nijera Kori.

L’Inde, le « grand frère voisin », est fortement impliquée dans l’exploitation du charbon au Bangladesh. L’entreprise publique indienne NTPC est le principal acteur industriel du projet Rampal, et la Banque indienne d’import-export finance 60 % du projet. Les liens entre le Bangladesh et l’Inde sont historiquement profonds et, l’économie du Bangladesh ayant toujours du mal à décoller et étant en proie aux inégalités, le pays est fortement dépendant de l’Inde sur le plan économique.

Cela a permis à l’Inde de pousser à son bénéfice le développement du charbon chez son voisin, le Bangladesh. Le gouvernement indien a rejeté le projet de NTPC de construire une centrale au charbon à proximité immédiate des Sundarbans, tout en autorisant, encourageant et soutenant financièrement le projet Rampal au Bangladesh.

Les communautés qui luttent contre ces projets locaux d’énergie polluante au Bangladesh ont dû porter leur combat au niveau national, affrontant une corruption omniprésente et la répression de toute opposition à ce qui est considéré par les autorités comme un facteur important du « développement » des ressources énergétiques et de l’économie du pays. Les efforts d’opposition et de mobilisation des communautés sont constamment réprimés ou ignorés.

« Le problème est que lorsque [le financement international des projets climatiques] arrive dans notre pays, il s’accompagne de problèmes de corruption et les projets ne sont pas exécutés correctement. Le message doit être le suivant : les pays du Nord doivent d’abord et avant tout mettre un terme à l’utilisation d’énergies sales dans leurs propres pays, puis vous nous dédommagez pour la dette climatique. »

«On nous dit que Rampal c’est un projet de « développement » – mais ce ne sont que des mensonges. On nous dit, vous aurez des emplois, des écoles, etc. Rien de tout cela n’est vrai. »

– Anu Muhammad, activiste et universitaire de renom.

Les communautés se battent cependant férocement pour protéger leur vie, leurs moyens de subsistance et les écosystèmes dont elles dépendent. En réclamant une loi sur la protection des Sundarbans, en organisant des manifestations et des pétitions, elles continuent de résister à l’industrialisation croissante de la région et à ses effets désastreux.

Un rayon de lumière renouvelable dans la forêt

Les communautés des Sundarbans montrent également la voie à suivre avec des solutions énergétiques propres qui profitent aux personnes et aux écosystèmes. Dans la même zone des Sundarbans où Rampal va saccager les écosystèmes et les moyens de subsistance des populations, les énergies renouvelables communautaires sont en plein essor.

Five people in Bangladesh with a banner saying Yes to community power
Des représentants du gouvernement local et des militants célèbrent les énergies renouvelables gérées par la communauté. M. Sudip Kumar Rai (quatrième à partir de la gauche) est le président de l’Union Banishanta.
Woman with solar energy lamp in Bangladesh
Une femme bénéficiaire du programme d’énergie solaire de l’Union Banishanta.

Dans les Sundarbans, la forêt est éclairée par une initiative solaire inspirante portée par la Société pour l’environnement et le développement du Bangladesh (Bangladesh Environment and Development Society – BEDS). L’organisation a travaillé avec les autorités locales pour créer la première « Union » solaire du pays, l’Union Banishanta. Au Bangladesh, une union est une subdivision du gouvernement local. BEDS a installé trois stations d’énergie solaire dans les Sundarbans, fournissant de l’électricité à 17 villages ainsi qu’au bâtiment du gouvernement de l’Union.

Bangladeshi man pointing at map of villages which use solar power
Md. Maksudur Rahman, directeur de la Société pour l’environnement et le développement du Bangladesh (BEDS), montrant une carte des maisons de l’Union de Banishanta alimentées en énergie solaire.

Sur les 3 500 familles de l’Union Banishanta, 3 000 possèdent des panneaux solaires à domicile ou louent des batteries solaires auprès du bureau de l’Union. Plus de 4 000 élèves et étudiants peuvent désormais lire et étudier le soir. Ces élèves et 6 000 villageois ont bénéficié de programmes éducatifs sur l’importance de l’énergie solaire. Les panneaux solaires alimentent une photocopieuse, des ordinateurs et le réseau wifi. BEDS prévoit de travailler à l’avenir sur des générateurs solaires.

Child with solar energy lamp in a school in Bangladesh.
Des enfants montrent leurs lampes solaires qui éclairent leurs maisons la nuit. Ils rechargent les lampes pendant la journée grâce aux panneaux solaires du bâtiment de l’Union Banishanta, qui abrite également l’école.

« Nous avons en quelque sorte créé un réseau social d’énergie. Comme le village n’est pas électrifié, les enfants apportent tous les jours leurs piles et leurs lampes à l’école et les rechargent sur notre système solaire central. Ils rentrent chez eux avec des batteries pleines et apportent de la lumière et de l’énergie à leur famille, ce qui leur permet de lire et d’étudier le soir, mais aussi de laisser les autres membres de la famille cuisiner et travailler. Ce sont les enfants qui éclairent les villages de la région la nuit. »

– Maksudur Rahman, BEDS.

BEDS a également mis en place un éco-village à proximité, une initiative de base qui soutient la communauté avec des logements, des entreprises, de l’énergie et une éducation respectueuse de l’environnement. Cela inclut l’adduction d’eau potable et des points pour cuisiner avec de l’énergie propre, ainsi que des formations sur l’agriculture et la pêche écologiques. L’initiative stimule l’utilisation d’une énergie propre et durable tout en préservant les écosystèmes locaux.

Les résultats sont édifiants. L’utilisation du kérosène a nettement diminué et les villageois se sentent plus en sécurité la nuit grâce à un meilleur éclairage. Nombreux sont ceux qui ont créé de petites entreprises grâce à l’électricité solaire, ce qui a permis d’augmenter les revenus. Une école qui, jusqu’il y a peu, n’avait pas d’électricité, peut même maintenant avoir une classe multimédia. Environ 5 500 personnes reçoivent de l’eau potable grâce à des systèmes de purification de l’eau alimentés par l’énergie solaire, ce qui a permis de réduire le taux de maladies transmises par l’eau. Cela est particulièrement bénéfique pour les femmes qui doivent habituellement parcourir de longues distances pour collecter de l’eau potable pour leur famille.

Two people in a village in Bangladesh with solar panels on their houses.
Des villageois montrent leur panneau solaire sur le toit de l’éco-village de l’Union solaire Banishanta, dans les Sundarbans.
Group of five Bangladeshi women with two children in colourful clothing.
Femmes de l’éco-village de l’Union solaire Banishanta, Sundarbans.

« Pour nous, l’éducation aux alternatives est au centre de notre travail. Nous voulons devenir un village modèle qui préserve la nature et utilise les connaissances traditionnelles pour un avenir sans pollution. Il s’agit d’une initiative visant à résoudre les principaux problèmes de la communauté côtière des Sundarbans et à construire un village modèle respectueux de l’environnement pour notre propre communauté et les générations futures. »

– Maksudur Rahman, BEDS.

Ce que l’initiative solaire et l’écovillage nous démontrent, ici au Bangladesh, c’est que les solutions aux crises climatiques, sociales et économiques interconnectées existent et sont ancrées dans nos peuples et nos communautés. Si nous rendons le pouvoir aux gens, il y a de l’espoir pour la justice climatique, pour une relation plus harmonieuse entre les communautés et les écosystèmes, à l’image de celle qui a permis aux habitants des Sundarbans de vivre pendant des décennies.

Group photo of children and adults at the East Khejuria eco-village in Bangladesh.
Réunion communautaire dans l’éco-village. Village d’East Khejuria, Sundarbans.