Communiqué de presse : un nouveau rapport met en évidence la mainmise des entreprises sur le Cadre mondial de la biodiversité des Nations Unies

Communiqué de presse: lundi 5 décembre 2022, pour diffusion immédiate – À l’approche de la 15e Conférence des Parties, l’analyse par les Amis de la Terre de l’influence exercée par les grandes entreprises démontre que les engagements pris sont davantage axés sur la préservation des profits que sur celle de la biodiversité. Rapport exclusif : La Nature du Business
MONTREAL, Paris, Madrid – Les Amis de la Terre International publient une nouvelle analyse en amont de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique à Montréal, intitulée The Nature of Business : Corporate Influence over the Convention on Biological Diversity and the Global Biodiversity Framework (L’influence des entreprises sur la Convention sur la diversité biologique et le Cadre mondial de la biodiversité) [1]. Cette analyse attire l’attention sur l’emprise exercée par le secteur privé et comment cela a permis de bloquer, éliminer ou détourner les efforts visant à empêcher la biodiversité de se dégrader à l’échelle mondiale. Le rapport présente des exemples de pratiques opérées par les entreprises qui ont directement influencé le « Cadre mondial de la biodiversité » et ont fait dérailler les actions qui risquaient de nuire à leurs profits.
Nele Marien, coordinatrice du programme « Forêts et Biodiversité » aux Amis de la Terre International, explique :
« Qu’il s’agisse du financement des délégations, de l’attribution de rôles officiels au sein des secrétariats à des acteurs liés aux entreprises ou de la déformation intentionnelle des données scientifiques, les entreprises s’immiscent au cœur de la CDB et y exercent une influence croissante. Une stratégie en particulier se distingue : la formation de coalitions de lobbying spécialement conçues pour permettre à de nombreuses entreprises, telles que BP ou Vale [2], de se présenter comme faisant partie de la solution et comme des défenseurs de la durabilité en se cachant derrière des appellation à consonance verte. Cependant, leurs « solutions » sont soigneusement élaborées afin de ne pas compromettre leurs modèles économiques ; en fin de compte, ces fausses solutions ne contribuent en rien à la protection de l’environnement ».
Le rapport dénonce la manière dont ces coalitions utilisent un langage ambigu et intentionnellement confus qui se fait passer pour scientifique, comme les « solutions basées sur la nature » ou le concept de « Nature positive » (positif pour la nature). Ces approches profitent avant tout au secteur des affaires. Elles visent à préserver les profits des entreprises et promeuvent l’idée de « mesures compensatoires » qui se font au détriment des peuples autochtones [3].
« Nous constatons un conflit d’intérêt fondamental », ajoute Nele Marien.
« Les entreprises sont les principales responsables de la perte de biodiversité, de la destruction des écosystèmes ainsi que des violations des droits de l’homme qui s’y rattachent. S’attaquer à l’emprise indue du secteur des entreprises sur la CDB est une condition préalable à la sauvegarde de la biodiversité. L’ONU et ses États membres doivent résister à la pression des entreprises et la CDB doit retrouver son autorité afin d’imposer un cadre réglementaire aux entreprises ».
Isaac Rojas, coordinateur du programme « Forêts et Biodiversité » aux Amis de la Terre International, ajoute :
« Remettre les entreprises à leur place permettrait aux solutions que les peuples promeuvent pour lutter contre la perte de biodiversité de retrouver leur élan. Les peuples autochtones et les communautés locales (IPLC) protègent 80 % de la biodiversité existante, souvent en la défendant au prix de leur vie. La conservation de la biodiversité va de pair avec la prise en compte des populations IPLC ainsi que le respect de leurs droits humains et fonciers ».
Avec un million d’espèces en danger d’extinction dans le monde et une perte de biodiversité en augmentation rapide, il est urgent d’agir. La COP 15 de la CDB à Montréal est l’occasion pour les parties d’adopter des normes significatives qui tiendraient les pollueurs responsables des dommages causés aux écosystèmes tout en faisant entendre les voix et renforçant l’influence des peuples autochtones et des communautés locales.
Rapport exclusif (en anglais) : The Nature of Business.
Contacts presse :
Anglais : Shaye Skiff, kskiff@foe.org, +1 202-222-0723
Français : Caroline Prak – caroline@foei.org / +337 48 65 55 24
Délégation internationale des Amis de la Terre à Montréal, Canada :
- Nele Marien – Coordinatrice du programme international Forêts et Biodiversité, présente à Montréal, semaine 1&2 +GTCNL5 : nele@foei.org / Twitter @nelemarien
- Isaac Rojas – Coordinateur du programme international Forêts et Biodiversité, présent à Montréal semaine 1&2 : isaac@foei.org
- Theiva Lingham – Amis de la Terre Asie Pacifique, présente à Montréal, GTCNL5 et semaine 2
- Rita Uwaka – Amis de la Terre Afrique, présente à Montréal à partir du 9 décembre.
- Dana Perls – Amis de la Terre USA, experte des questions liées à la technologie, présente à Montréal, GTCNL5 et semaine 1&2.
Notes :
[2] La société minière Vale est responsable de l’empoisonnement de centaines de kilomètres de rivières par des résidus miniers toxiques après deux effondrements de barrages distincts au Brésil, en 2015 et 2019. La société pétrolière BP est responsable de catastrophes qui détruisent la vie sauvage, comme l’explosion de la plateforme « Deepwater Horizon » et la marée noire qui l’a suivie, en 2010.
[3] A quel point le « Nature Positive » sera-t-il vraiment positif ?, Les Amis de la Terre International, novembre 2022