Women dressed in blue "flood" the COP27 venue to demand loss and damage reparations @8iank4

COMMUNIQUÉ DE PRESSE pour diffusion immédiate – Dimanche 20 novembre 2022, Charm El-Sheikh

C’est une percée historique dans les négociations bloquées de la COP27 : un fonds de compensation des pertes et dommages destiné à indemniser les pays en développement pour les impacts irréversibles du changement climatique a été créé, malgré les efforts constants des États-Unis et d’autres pays développés pour le faire échouer. Ce fonds était l’une des principales exigences des pays en développement et c’est un premier pas bienvenu qui avait semblé inaccessible jusque-là. Cependant, les pays développés se sont réservé une grande marge de manœuvre pour se soustraire à leurs responsabilités tandis que les autres résultats de la COP27 sont malheureusement extrêmement faibles.

Sara Shaw, des Amis de la Terre International, a commenté :

« C’est un soulagement que le fonds pour les pertes et dommages ait enfin été créé, après des décennies de lutte. Mais, pour l’instant, c’est un fonds aux caisses vides et nous avons un énorme défi à relever pour faire en sorte que les pays développés y contribuent, dans le respect de la justice et de l’équité. Il sera important de veiller à ce que cela ne soit pas une répétition de la performance abyssale des pays riches il y a plus de dix ans, qui avaient promis de fournir 100 milliards de dollars par an, une somme pourtant insuffisante, mais n’ont jamais livré cette somme ».

Si les résultats de la COP27 incluent une mention bienvenue de la nécessité d’une « transition propre et juste vers les énergies renouvelables », rien de ce qui a été convenu à Charm el-Cheikh ne permet pourtant d’atteindre cet objectif : le financement des réductions d’émissions est bloqué et les résultats en matière d’atténuation sont faibles. Il est inquiétant de constater qu’il n’y a pas eu d’avancée sur le langage convenu l’année dernière concernant l’abandon progressif du charbon, une lacune qui enchante l’industrie des combustibles fossiles.

Babawale Obayanju, des Amis de la Terre Afrique, ajoute :

« Le fait que le document final ne parle que de « l’élimination à un rythme soutenu de l’électricité produite à partir du charbon » est une catastrophe pour l’Afrique et pour le climat. Le pétrole et le gaz doivent également être éliminés sans attendre, rapidement et équitablement. Un seul petit ajout, « à un rythme soutenu » (en anglais, ‘unabated’) a permis de créer une énorme faille, ouvrant la porte à de nouveaux projets d’hydrogène et de capture et de stockage du carbone basés sur les énergies fossiles, qui permettront aux émissions de se poursuivre ».

« Nous n’avons pas besoin de plus d’extraction de gaz en Afrique, des projets miniers qui dévastent nos communautés au profit des pays riches et des entreprises. Ce que nous attendions de la COP27, c’était un accord sur une élimination progressive rapide et équitable de l’ensemble des combustibles fossiles ».

L’année dernière, la COP26 s’était conclue par un accord sur les marchés mondiaux du carbone, après des années de querelles et malgré la forte opposition des groupes de défense de l’environnement et de la justice sociale. Lors de la COP27, des tentatives alarmantes et précipitées ont été faites pour insérer les rustines technologiques de la géo-ingénierie et les mesures compensatoires soi-disant « basées sur la nature » dans les accords sur les marchés du carbone. Ces tentatives ont été repoussées de deux ans. Mais le texte final a supprimé les références aux droits humains, aux droits des peuples autochtones et aux droits du travail.

Hemantha Withanage, présidente des Amis de la Terre International, a déclaré depuis le Sri Lanka :

« La décision sur les marchés du carbone est profondément inquiétante. Bien que la COP27 ait temporairement retardé les initiatives visant à intégrer la géo-ingénierie, les technologies dangereuses et non testées et les solutions dites « naturelles » dans les marchés du carbone, nous savons que ces menaces vont bientôt refaire surface. Les marchés du carbone sont le paravent qui permet aux pollueurs de continuer leur émissions, ouvrant la porte à l’accaparement des terres, des forêts et de l’eau au détriment des communautés vulnérables ainsi qu’aux violations des droits des peuples. »

La COP27 s’est déroulée dans un contexte de répression étatique à l’encontre des militants et journalistes égyptiens. Sur ce point, Sara Shaw a conclu :

« Alors que les négociations sont terminées et que nous quittons l’Égypte, nous n’oublions pas les prisonniers d’opinion qui y croupissent dans les prisons. La société civile continuera à faire pression sur nos gouvernements et à faire preuve de solidarité, car il ne peut y avoir de justice climatique sans respect des droits humains. « 

Porte-parole et contacts avec les médias

Sara Shaw, coordinatrice Justice climatique et énergie, Amis de la Terre International
sara[a]foe.co.uk, @climatemouse (parle anglais et espagnol)

dipti bhatnagar, coordinatrice Justice climatique et de l’énergie, Amis de la Terre International dipti[a]foei.org, @diptimoz (parle anglais, portugais, espagnol et hindi)

D’autres porte-parole sont disponibles pour des commentaires dans différentes langues. Pour organiser des interviews, contactez : Madeleine Race, madeleine[a]foei.org, @foeint (parle anglais, espagnol et français).

Image: Les femmes habillées de bleu « inondent » la COP27 en demandant les repérations pour les pertes et dommages. Crédit Bianka Csenki, du reseau Artivist.