De faibles progrès à la COP27 tandis que le fonds d’indemnisation des pertes et dommages reste en suspens

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – pour diffusion immédiate – Vendredi 18 novembre 2022, Sharm El-Sheikh (Égypte)
La COP27, qui s’est déroulée à l’ombre du régime oppressif égyptien, a vu les États-Unis jouer une fois de plus un rôle profondément obstructif, bloquant à chaque fois les demandes des pays en développement. Les peuples autochtones et les communautés de première ligne souffrent d’ores et déjà d’évènements climatiques de plus en plus extrêmes, qui entraînent des pertes économiques massives et des destructions au niveau culturel. Les pays en développement continuent de lutter pour la création d’un fonds destiné à compenser ces pertes et dommages irréversibles.
Pendant ce temps, les pays riches se présentent comme les sauveurs du seuil des 1,5°C, accusant les grands pays en développement de ne rien faire pour le climat. Et ce, alors que eux-mêmes n’ont absolument rien fait pendant des décennies, qu’ils poursuivent de manière constante leur pollution climatique, qu’ils manifestent encore à ce jour un mépris flagrant pour leur propre responsabilité historique et ont longtemps été réticents à accepter le seuil de 1,5°C à ne pas dépasser et que les militants de la justice climatique ainsi que les pays en développement réclament depuis de nombreuses années.
Sara Shaw des Amis de la Terre International a commenté :
« Le récit que les pays développés vont diffuser dans les prochains jours va tourner autour de l’affirmation que les grands pays en développement, comme la Chine et l’Inde, sont à blâmer pour le manque de progrès réalisés à Sharm-el Sheikh. Or ce n’est absolument pas ce qui s’est passé ici. Les pays développés, en particulier les États-Unis, font cyniquement porter la responsabilité de leur propre inaction en matière de réduction des émissions à des pays qui sont historiquement les moins responsables du changement climatique. Ils essaient de faire disparaître l’équité et effacent leur propre responsabilité historique. »
« Ces mêmes pays riches n’ont pas non plus réussi à mettre sur la table les 100 milliards de dollars annuels, une somme qui est en soi déjà insuffisante, contrairement à leurs engagements, et continuent à brouiller les pistes en matière de financement en poussant des concepts comme les marchés du carbone, les financement privé, les crédits et les œuvres philanthropiques, alors que la demande porte sur de nouveaux et supplémentaires financements publics, fondés sur des subventions ainsi que le sur le remboursement de la dette climatique. »
Les batailles autour des éléments de langage et du choix des mots qui font rage à la COP27 en vue de savoir si tous les combustibles fossiles seront nommés dans le texte de décision ou seulement le charbon, engendrent d’ores et déjà des conséquences dévastatrices pour les communautés vivant à proximité des zones d’extraction ou de traitement des combustibles fossiles et autres projets miniers.
Pour freiner l’emballement du changement climatique, nous devons opérer une transition énergétique rapide et équitable en abandonnant le pétrole, le gaz et le charbon. Et cette transition doit commencer dans les pays développés qui ont bâti toutes leurs économies sur ces énergies polluantes. Mais l’utilisation du terme « élimination à un rythme soutenu » pour désigner l’abandon des combustibles fossiles dans le texte ouvre la porte à d’énormes mesures échappatoires, comme le captage et le stockage du carbone et l’exploitation de l’hydrogène d’origine fossile, mesures qui permettront aux émissions de se poursuivre.
Rita Uwaka, des Amis de la Terre au Nigeria, a déclaré :
« L’Afrique n’a pas besoin de plus de combustibles fossiles et surtout pas de gaz naturel. Le pétrole a dévasté mon pays, le Nigeria. L’exploitation du gaz au Mozambique engendre des déplacements forcés de communautés entières et attise les conflits. L’Afrique a besoin que la COP27 s’achève sur un résultat qui appelle à l’élimination progressive, rapide et équitable de tous les combustibles fossiles, pas seulement le charbon ».
Cette année, nous avons vu beaucoup de tentatives et d’efforts pour faire intégrer et légitimer des fausses solutions dans les négociations sur les marchés du carbone. Hemantha Withanage, président des Amis de la Terre International précise :
« Heureusement, la COP27 a retardé les initiatives visant à intégrer la géo-ingénierie, les rustines technologiques dangereuses et non testées ou encore les soi-disantes « solutions basées sur la nature » dans les marchés de compensation du carbone. Nous restons très préoccupés par le fait que ces mesures reviendront certainement sur la table l’année prochaine, afin de permettre aux États et industries de poursuivre leurs émissions, ce qui engendrera encore plus d’accaparement des terres, des forêts et de l’eau au détriment des communautés vulnérables et en violation des droits des peuples. Nous devons rester vigilants et continuer à nous battre pour les droits humains et une action climatique basée sur l’équité et la justice ».
Les Amis de la Terre International prévoient de publier un commentaire final des résultats convenus, une fois les négociations terminées.
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Notes
Conférences de presse
Le vendredi 18 novembre, les Amis de la Terre International a organisé une conférence de presse, présentant des analyses et des témoignages en fin de conférence de la part de porte-parole des États-Unis, de l’Inde, de la Colombie, de la Malaisie et du Royaume-Uni. Regardez le livestream en anglais – cliquez ici
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Porte-parole et contacts avec les médias
Sara Shaw, coordinatrice Justice climatique et énergie, Amis de la Terre International, sara[a]foe.co.uk, Signal +44 79 7400 8270, @climatemouse, parle anglais et espagnol
Pour plus d’informations et pour organiser des interviews, contactez :
Madeleine Race, madeleine[a]foei.org, @foeint, parle français, anglais et espagnol