La promesse de la COP26 de mettre un terme à la déforestation, rien d’autre qu’un relooking des tentatives préalables de ‘verdir’ l’augmentation des émissions de carbone

La promesse de la COP26 de mettre un terme à la déforestation est truffée d’hypocrisie et de lacunes qui risquent de permettre aux multinationales et aux pays grands pollueurs depuis toujours de continuer à brûler des combustibles fossiles, tout en déclarant qu’ils combattent le changement climatique en investissant dans les forêts. Les promesses d’ordre financier ressemblent étrangement aux initiatives REDD+ qui, au cours des dix dernières années, ont échoué à enrayer le changement climatique et causé d’énormes accaparements de terres et des violations des droits territoriaux dans le monde entier.
Par exemple, 200 millions de livres des fonds alloués par le gouvernement britannique seront destinés à la coalition LEAF (Lowering Emissions by Accelerating Forest finance). Celle-ci invite les multinationales à se servir d’elle pour atteindre leurs propres objectifs climatiques, qui consistent surtout à compenser plutôt qu’à cesser d’émettre. Une pléthore d’entreprises, dont Amazon, Delta Airlines, Bayer, Unilever et Black Rock, s’y sont inscrites ; ensemble, il leur faudra d’énormes étendues de terre dans les pays du Sud pour soi-disant compenser l’augmentation prévue de leurs émissions.
Les leaders mondiaux avaient déjà fait des annonces tout aussi ambitieuses, comme la Déclaration de New York où ils s’engageaient à arrêter la déforestation d’ici à 2030 mais qui a été suivie d’une forte augmentation de la déforestation, ou le Défi de Bonn, dont l’objectif était de restaurer 350 millions d’hectares de terres dégradées mais dont presque 50% sont devenues des plantations industrielles d’arbres, désastreuses pour les gens et pour la planète.
Cette promesse est vague, ce qui rend impossible de la mettre en application et de demander des comptes aux gouvernements. Elle est condamnée à échouer si elle est associée aux mécanismes d’échange d’émissions ou de compensation, ou si elle dépend du financement privé pour produire un changement, au lieu de promouvoir un fort mouvement de réglementation pour arrêter la déforestation et mettre en oeuvre les droits des peuples autochtones, des communautés locales et des petits producteurs d’aliments au moyen d’instruments contraignants tels que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), ainsi que leur Consentement préalable, librement donné et en connaissance de cause (FPIC) et le droit de le retenir.
Certains pays qui ont adhéré à la promesse sont en train d’encourager collectivement la déforestation : par exemple, l’accord de commerce UE-Mercosur augmentera de 50% les importations de viande de l’UE, alors que l’élevage est un facteur déterminant de la déforestation de l’Amazonie. Le Brésil, lui aussi signataire, a entrepris une vaste offensive contre les droits des peuples autochtones brésiliens, tout en promettant à Glasgow de les protéger. Sans un cadre réglementaire qui mette un terme à la déforestation, il n’y aura pas moyen de l’arrêter. Il faut surtout mettre l’accent sur les entreprises qui intensifient la production de matières premières agricoles, l’extraction pétrolière et minière et les grands travaux d’infrastructure. Ces grandes entreprises qui continuent de violer les droits des peuples doivent répondre de leurs actes.
Nous n’avons pas besoin de « parvenir à un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre anthropogéniques et leur élimination par les puits », comme l’affirme la promesse de la COP26. Ce qu’il nous faut, c’est réduire tout de suite et en profondeur les émissions de carbone et les activités polluantes, comme les plantations, l’agriculture industrielle et les industries minières, et préserver les forêts, les autres écosystèmes et les droits des peuples autochtones et des communautés locales qui vraiment les protègent. Il faut que les pays développés affectent des billions au financement du climat, sans les associer à des programmes de compensation ou à des mécanismes du marché, et que ces fonds viennent s’ajouter à toute aide étrangère au développement.