« L’esquive de Glasgow » : comment les pays riches parviennent à se soustraire de leurs responsabilités en matière de climat

12 novembre 2021. Glasgow, Royaume-Uni.
L’accord qui est sorti de la COP26 portera dorénavant le nom d’ »esquive de Glasgow », les pays développés fuyant leurs responsabilités et abandonnant le monde sur la voie d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, aggravant encore les impacts dévastateurs pour les pays déjà les plus durement touchés par le changement climatique.
Le Royaume-Uni a organisé la COP la plus excluante de son histoire. Il a déroulé le tapis rouge au lobby des combustibles fossiles, tandis que de nombreuses personnes qui vivent en première ligne des impacts climatiques ont été écartées à causes de visas restrictifs, de coûts de voyage en hausse et d’un apartheid vaccinal.
Alors que les négociations se terminent et que le sommet touche à sa fin, les Amis de la Terre International commentent : Dipti Bhatnagar, coordinatrice pour la justice climatique et l’énergie pour Les Amis de la Terre International, analyse depuis le Mozambique :
« Avec une si faible représentation des pays du Sud, il n’est pas surprenant que les pays riches aient réussi à mettre en avant de fausses solutions qui leur permettront de continuer à détruire le climat tout en poursuivant leurs affaires, comme si de rien n’était.
« Les pays riches ont réussi à imposer un accord bourré de dérobades : les marchés carbone, les solutions fondées sur la nature et le « net zéro d’ici le milieu du siècle » sont autant de moyens pour eux de se soustraire aux véritables réductions d’émissions dont nous avons besoin si nous voulons éviter une catastrophe climatique. »
Sara Shaw, coordinatrice pour la justice climatique et de l’énergie pour Les Amis de la Terre International, a déclaré depuis Glasgow :
«Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est la « grande esquive de Glasgow ». Après avoir fait une série d’annonces tape-à-l’œil, pleines de réserves et d’échappatoires, les pays riches et la présidence britannique de la COP s’empressent de conclure un accord qui fait peser la responsabilité de la réduction des émissions sur les pays en développement, sans leur fournir les fonds dont ils ont besoin pour abandonner les combustibles fossiles. »
Lors de la COP25 à Madrid, les grands pollueurs comme Shell, Total et BP ont lancé des systèmes de compensation pour les soi-disant « solutions fondées sur la nature ». Aujourd’hui, à la COP26, nous voyons que ces « solutions » n’ont de naturelles que le nom mais qu’elles sont au cœur du projet d’accord. Or il est évident qu’il n’y a tout simplement pas assez de terres et d’arbres dans le monde pour absorber les émissions que les grands pollueurs prévoient de recracher dans l’atmosphère. »
Un accord imminent sur les marchés carbone entraînerait une augmentation des émissions mondiales et ouvrirait la voie à de nouveaux accaparements de terres, à l’insécurité alimentaire et à des violations des droits dans les pays en développement.
En outre, le concept d’émissions « net zéro » d’ici au milieu de ce siècle est trop lointain et dangereux. Il donne aux pays riches la permission de continuer à polluer, en se basant sur un concept inefficace d’« équilibrage des émissions » par le biais de compensations et de solutions techniques, ce qui est un pur fantasme. La présidence britannique a déclaré qu’elle continuait à se fixer un objectif de 1,5 °C d’augmentation des températures, mais au vu des mesures prises, cet objectif est désormais en état de coma cérébral.
Jamie Peters, directeur des campagnes pour Les Amis de la Terre Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord, a commenté l’hypocrisie du gouvernement britannique :
« Alors que les minutes s’égrènent, la responsabilité et la manière d’accroître le financement du climat devraient être le thème des négociations. Mais au lieu de cela, il semble que les pays riches préparent avant tout leur plan de sortie. »
« Il existe un écart inquiétant entre les engagements existants et les réductions plus importantes nécessaires pour atteindre l’objectif clé de 1,5 °C fixé par la COP. En outre, l’hypocrisie du Royaume-Uni en tant qu’hôte reste évidente en raison de son soutien continu à des projets de combustibles fossiles nuisibles tels que le champ pétrolier de Cambo, une nouvelle mine de charbon à Cumbria et le mégaprojet gazier au Mozambique. »
« Nous devons laisser le pétrole et le gaz dans le sol, accélérer les réductions d’émissions et augmenter le soutien financier des pays les plus riches responsables du chaos climatique. C’est aussi simple que cela. »
Mary Church, responsable des campagnes des Amis de la Terre Ecosse, a commenté le mouvement populaire à l’extérieur des salles de la COP :
« La COP26 n’a pas réussi à relever le défi des 1,5 °C, mais dans la rue, nous avons assisté à la plus grande manifestation pour la justice climatique jamais organisée au Royaume-Uni. »
« Nous nous sommes rassemblés en un mouvement puissant et divers qui reconnaît que la cause profonde de la crise climatique est un système économique qui est également à l’origine de multiples autres injustices contre lesquelles nous luttons – la pauvreté, le racisme, le sexisme, la destruction de la nature, pour n’en citer que quelques-unes. »« Partout dans le monde, les gens se soulèvent contre ce système qui donne la priorité au profit par rapport aux personnes. Nous n’abandonnerons pas tant que nous n’aurons pas créé le monde meilleur que nous savons possible. »
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Conférence de presse : Les groupes Friends of the Earth International et Demand Climate Justice commentent les résultats de la COP26.
14h30-15h00, Vendredi 12 novembre, dans la salle de conférence de presse de la zone bleue, Durdle Door. Porte-parole disponibles à partir de 15h00.
Livestream : https://unfccc-cop26.streamworld.de/webcast/friends-of-the-earth-international-2
Pour les demandes de presse, contactez : Vendredi 12 : Madeleine Race, press[at]foei.org
A partir du Samedi 13 :Amelia Collins, press[at]foei.org
Sara Shaw, coordinatrice du programme Justice climatique et énergie, Friends of the Earth International, sara[at]foe.co.uk, +44 7974 008270
Les photos de la COP26 sont visible sur le site Flickr de Friends of the Earth International et sont utilisables sous licence Creative Commons.
Notre commentaire sur l’engagement pris lors de la « Journée de l’énergie » de la COP, le 4 novembre : « La fin du financement des combustibles fossiles lors de la COP26 – une annonce bienvenue mais hypocrite ».
Notre commentaire sur l’engagement de la COP en matière de déforestation, le 3 novembre : « La promesse de la COP26 de mettre un terme à la déforestation, rien d’autre qu’un relooking des tentatives préalables de ‘verdir’ l’augmentation des émissions de carbone ».
Notre position sur les « solutions basées sur la nature », octobre 2021 : Solutions basées sur la nature : un loup dans la peau d’un mouton.