Un Vaccin des peuples juste et sans inégalités face à la pandémie de Covid-19 !

Notre sécurité est celle des autres ! Libérer le vaccin des monopoles des entreprises nous aidera à atteindre une immunité mondiale optimale, ce qui est fondamental pour aller vers une Reprise juste de la COVID-19.
Cette semaine, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a tenu des réunions extraordinaires pour discuter d’une exemption provisoire aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre la Covid-19 et les fournitures médicales. Grâce à la pression d’une campagne massive menée par la société civile, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande ont désormais annoncé leur soutien à la proposition de dérogation à l’Accord sur les ADPIC, qui est déjà soutenue par plus de 100 pays. La pression sur d’autres États riches grandit, et elle concerne le Royaume-Uni, l’Union européenne, l’Australie, le Brésil, le Japon, la Norvège et la Suisse, qui bloquent toujours cette opportunité de sauver des vies et choisissent de donner priorité aux bénéfices des groupes pharmaceutiques.
Il est temps de négocier rapidement pour appliquer cette dérogation et renforcer le financement public afin de soutenir un Vaccin des peuples mondial juste et efficace.
Que signifierait la dérogation à l’Accord sur les ADPIC pour les gens?
Le lancement de vaccins soutenus par des fonds publics et fabriqués par des groupes pharmaceutiques comme Pfizer, Johnson & Johnson et AstraZeneca a commencé, mais à des tarifs mondiaux alarmants.
« Aujourd’hui, les pays à revenu élevé vaccinent 25 fois plus vite que les pays à faible revenu », a expliqué Sangeeta Shashikantin, avocate spécialisée en droit de propriété intellectuelle dans une interview accordée à Real World Radio.
Renoncer de manière temporaire aux droits de propriété intellectuelle sur le savoir-faire, la technologie et les licences de fabrication de vaccins signifierait que plus de pays et d’entreprises pourraient les produire localement et à un moindre coût. Cela rendrait les vaccins plus rapidement disponibles et plus abordables pour tout le monde, et surtout pour les personnes qui vivent dans les pays du Sud et qui doivent attendre beaucoup de temps pour se faire vacciner et se faire soigner, certains attendront jusqu’en 2023 !
La fédération des Amis de la Terre International est tout à fait consciente de l’injustice et des risques pour la santé que représente le lancement actuel du vaccin par les entreprises. Ce ne sont pas des chiffres abstraits ! Cette situation impacte réellement les militants et sympathisants du monde entier et affecte leur lutte pour la justice environnementale et sociale.
En Asie, l’Inde fait face à une deuxième vague meurtrière de Covid-19, avec une augmentation rapide des décès, à raison de plus de 300 000 cas par jour et un système de santé qui s’effondre. La menace de nouvelles souches augmente dans toute la région, où la perte des moyens de subsistance et la crise sanitaire actuelle font des ravages.
« Je n’ai pas reçu le vaccin et je ne sais pas quand il arrivera. Les Philippines ont vacciné moins de 1% de leur population. Cette crise sanitaire se révèle être une crise éthique. Lorsque vous avez des pays riches capables de vacciner leur population deux, trois fois plus que les autres alors que les nations pauvres peuvent à peine vacciner 1% de leur population, protéger les bénéfices privés face à une tragédie d’une telle ampleur n’est pas une question de respect du droit ou même de faute, mais de culpabilité. »
Mai Taqueban, de LRC /Amis de la Terre Philippines.

Même combat en Afrique : seulement 2% de toutes les doses de vaccin administrées mondialement sont arrivés sur le continent. Le continent a été contraint de passer par le système COVAX mis en place par des entreprises privées et peu fiable, ce système ne parvient pas approvisionner suffisamment les pays qui dépendent de lui.
«Je n’ai pas été vacciné, le lancement du vaccin est lent au Togo. Le vaccin doit être partagé équitablement. Le partenariat entre le Nord et le Sud doit être un partenariat de coopération et non colonial. Nous disons NON à l’Apartheid du vaccin! La libération du vaccin contribuera à vacciner le monde. Nous ne sommes pas en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité ! »
a déclaré Kwami Kpondzo, des Amis de la Terre Togo.

De nombreuses personnes dans toute l’Europe ont déjà reçu le vaccin, car l’Union européenne et le Royaume-Uni ont acheté d’énormes quantités de doses dès le départ. Alors que beaucoup de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine devront attendre 2023 pour recevoir leur première injection, d’autres au Royaume-Uni pourraient bénéficier d’une troisième phase de vaccination d’ici la fin 2021. Ce contraste saisissant met en évidence un déséquilibre cruel entre les pays et une distribution des vaccins très inégale que beaucoup dénoncent, y compris l’Organisation mondiale de la santé (OMS) .
« J’ai eu la chance de recevoir ma première dose de vaccin Astra Zeneca le 19 avril. Je recevrai ma deuxième dose le 6 juillet. Il est honteux que des pays riches comme le Royaume-Uni boycottent un Vaccin pour les peuples. La Covid-19 est à l’origine d’une catastrophe humanitaire dans le monde et ce sont les pays du Sud qui sont actuellement les plus durement touchés et qui sont les plus exposés aux fluctuations de la pandémie. Pendant ce temps-là, le Nord stocke des vaccins et donne la priorité à ses propres citoyens. Nous disposons d’un outil formidable qui s’appelle « vaccin » et qui peut sauver des vies et mettre fin à cette pandémie. Il est tout à fait incorrect et injuste que certains pays se battent pour empêcher sa libre utilisation. »
déclare Sara Shaw, Coordinatrice du programme justice climatique et Énergie, basée au Royaume-Uni.

Bien qu’une grande partie de la Recherche et du développement (R&D) pour les traitements liés au Coronavirus (COVID-19) ait été financée par des fonds publics, les groupes pharmaceutiques qui ont des droits de propriété intellectuelle sur ces traitements peuvent désormais offrir des prix élevés. Pfizer, par exemple, vend son candidat-vaccin Covid-19 pour environ 39 $ les deux doses, ce qui représente une marge bénéficiaire de 80%.
Les pays les plus riches qui peuvent se permettre de tels prix sont généralement les mêmes que ceux qui bloquent la dérogation à l’Accord sur les ADPIC de l’OMC, et il n’est pas surprenant que de nombreuses multinationales pharmaceutiques y aient leur siège. Le Brésil, qui représentait en avril plus d’un quart des décès pour COVID-19 dans le monde, est l’un d’entre eux :
« La situation Covid au Brésil est une catastrophe. Nous avons un gouvernement fasciste qui est incapable de résoudre le problème, il nous a laissé tomber. Les gens meurent tous les jours. La santé et les autres droits humains doivent primer sur les bénéfices des multinationales pharmaceutiques. C’est pourquoi nous nous battons pour mettre en place des règles pour les entreprises et pour que les droits des personnes soient respectés. La dérogation aux droits de propriété intellectuelle de l’OMC peut garantir plus de vaccins à nos peuples et donc moins de décès dans le monde. »
a ajouté Letícia Paranhos Menna de Oliveira, coordinatrice du programme justice économique et résistance au néolibéralisme, au Brésil.

Une reprise juste sans attendre !
Un mouvement citoyen et mondial croissant et puissant exige le #PeoplesVaccine : allant des manifestations dans les bureaux des sociétés pharmaceutiques au soutien de centaines de Lauréats du prix Nobel ou à la pétition de deux millions de personnes exigeant un changement.
La dérogation à l’Accord sur les ADPIC est tout simplement une partie fondamentale d’une Reprise juste de la Covid-19 et des crises systémiques interconnectées. Outre le Vaccin des peuples, tout traitement contre la COVID-19 doit être mis à la disposition de tout le monde et dans les mêmes conditions pour tous, sans brevets ni autres droits de propriété intellectuelle. La primauté des droits humains et des droits des peuples sur les accords de commerce et d’investissements doit être consacrée par le droit international, et les gouvernements doivent s’attaquer aux causes profondes de ces crises, en s’acheminant vers un tout autre changement de système. Il est temps de donner la priorité à la durabilité de la vie, aux droits des populations et à la protection des moyens de subsistance et de la planète.